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Wednesday, December 5, 2018

Quand une Haitienne exaspérée interpelle la diaspora

Par Max Dorismond

La Jérémienne exaspérée
Dans notre société machiste, nous avons naturellement tendance à minimiser la valeur ou le rôle de la femme. Cette citation populaire, «  derrière chaque grand homme, se cache une femme », n’est pas une trouvaille de poètes. C’est une réalité indéniable. Étant l’émotion personnifiée, la tendance protectrice de la femme, la place toujours en position de prévoir, de deviner l’avenir avant les hommes, d’où sa propension à souffrir deux fois. Par conséquent, son petit côté d’aiguillon se révèle être le catalyseur de bien des évènements. Elle est la dernière ligne de la cohésion sociale. C’est par elle que commencent les révolutions. Souvenons-nous de Rosa Park en Alabama aux États-Unis, et de bien d’autres. Son geste symbolique contre la ségrégation a contribué à changer pour toujours la face de l’Amérique.
  
Nous voilà dans cette vidéo ici présente, à écouter une égérie, qui ne se cache pas derrière le masculin pour rabrouer un con ou une connasse de la diaspora qui a perdu son étoile en se prenant pour le roi ou la reine du monde par  ses avis non sollicités, reprochant aux souffreteux d’Haïti d’avoir exagérément souligné leur ras-le-bol par des manifestations sauvages et trop outrageantes pour la société. Ses conseils mal avisés ont profondément blessé notre interlocutrice, qui s’est extraite de sa léthargie, du fond de sa misérable vie, pour réanimer la mémoire déficiente de l’intruse, lorsqu’elle pataugeait, hier encore, dans son extrême misère. Elle a réprimandé l’ingrate, la malotrue, des deux revers de sa bouche.

Dans une démonstration digne des grands tribuns, elle a émaillé son diatribe de souvenirs épicés de la vie antérieure de cette diaspora, jadis, dans la fange du diable, entre les griffes de la déchéance, avant d’opter pour la fuite, sans dignité aucune, pour des cieux plus cléments, faute de ne pouvoir endurer les affres de la faim, de la crasse, de la malpropreté, au fonds de l’abîme où les insignifiants de sa terre natale l’avaient abandonnée.

Ce soulèvement, encore sans lendemain, qui souligne l’insoutenable pauvreté dans laquelle est plongée toute une nation, n’est qu’un premier signe avant coureur d’un peuple résigné, acculé au bout du rouleau. Quand les femmes se mettent de la partie pour crier leur désarroi, c’est que le mal ressenti est insupportable et devient un catalyseur, un déclencheur d’évènements, que rien ne saurait arrêter, le jour venu.
Cri du coeur d'une Haïtienne
Dans une litanie bien dosée, la belle inconnue a décrit sa vie, celle des autres et les conditions inhumaines qui demeurent le quotidien, le lot de tout un peuple qui préfère  braver la bête au lieu de fuir. Et elle l’a bien résumée avec ostentation : la rédemption n’est pas dans la fuite. L’exil n’est qu’une illusion qui nous porte à penser que notre situation s’est améliorée. Mais au prix de quelle indignité?

Pa pete tèt nou! L’expatriation est un confort éphémère et risqué. Les juifs nés en Allemagne ont été gazés. La terre de l’autre ne sera jamais tienne. Même si tu y es né. Donc, le devoir t’incombe de lutter pour améliorer ton chez-toi, quoiqu’il advienne, même si les effets collatéraux laissent à désirer.  Aucune révolution ne se fait avec des roses.

Bonne écoute!

Max Dorismond. Mx20005@yahoo.ca


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