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Friday, August 5, 2016

C'EST LA FAUTE A VOLTAIRE

 
Par Rodrigue ADRIEN rodrigueadrien33@gmail.com
Nos ancêtres pensent depuis le siècle des lumières ayant vu l’éclosion d’idées rédemptrices des valeurs humaines. La révolution haïtienne est fille de la révolution française dont les idées directrices étaient en gestation chez Descartes, Voltaire, Rousseau, Kant, Montesquieu et autres. Nous ne pensons pas d’hier, la diffusion des lumières dans les abysses où l’on a confinés l’homme pendant longtemps remonte au 18e siècle, l’époque annonciatrice de toutes les révoltes menant à la liberté pleine et entière. La liberté n’est pas qu’un concept,c’est une réalité pour l’homme moderne revendiquant la vie autrement. L’homme moderne est celui dont les idées ont accouché le nouveau monde. La réalité d’aujourd’hui résulte du rêve suscité par le constat de l’absurde de la condition humaine. C’est en vue du sens et de la clarté à l’horizon que l’homme se dénoue des chaînes de la caverne pour penser le possible. La découverte du vrai est un pas vers la libération de l’esprit dont la finalité est la déconstruction de ce qui est en vue du pas-encore.

Ø Nous devons notre progrès aux agissements des anciens pour l’obtention des droits constructeurs d’humanité, des lois édificatrices des institutions en vue du maintien de l’ordre républicain et de la propagation des lumières dans les couloirs où s’éteignent les valeurs rédemptrices, de dignité, demounité et de liberté. La révolution française est universelle, du fait même qu’elle a permis aux esclavagisés et marrons de se ressaisir pour embrasser la cause de la liberté, l’égalité et la fraternité, humainement défendue pendant les deux siècles écoulés. C’est aussi la faute à Toussaint Louverture d’avoir préparé les esprits au soulèvement créateur de liberté et de paix. Ayant pris goût au sel de la liberté, les esclavagisés c’est-à-dire ceux-là réduits en situation d’esclavage  et de révolte, ne sont pas restés sur leur faim. Ils ont marché jusque vers les hauteurs pour combiter et mijoter les recettes préparatrices de la révolution ayant accouché l’Haïti libre, laïque, et démocratique dont la gestion a conduit au carrefour devant être encore traversé afin de trouver le chemin vers nous-mêmes.

Ø  C’est la consolidation des acquis de la révolution de 1804, de la déconstruction de la structure étatique, d’une refondation de la nation, que naîtra le nouveau bureau dont la mission est de redécouper l’espace physique, redéfinir les concepts empruntés de l’occident pour construire le nouveau système. Les Haïtiens se sont égarés de la route historiquement tracée, mais ils n’ont pas encore perdu de vue le chemin vers eux-mêmes. Il suffit d’un pas vers l’entente et la réconciliation pour que l’horizon vers l’ordre, la démocratie et le progrès s’éclaircisse. Le PANORAMA rêvé se construit en se désenchantant avec le paysage désuet, chaotique et décadent. C’est en projetant un autre regard sur nous-mêmes qu’on s’implante le nouveau décor.

Ø C’est en déconstruisant qu’on construit, en redéfinissant qu’on définit, en questionnant qu’on répond. Le plus difficile à faire est la démarche visant le rassemblement des valeurs et des forces du Lakou en vue de la synergie transformatrice des idées de changement en gestation depuis le mouvement 46 et la relance de 1986. L’échec constaté dans nos actions concluantes s’explique de notre incapacité à composer avec nos amis d’outre-mer et nos frères du territoire pour donner forme au nouveau contenu haïtien. 
      
    Le manque de méthode et de vision concertée et partagée sur la réalité haïtienne, la carence de rigueur et de discipline dans l’application de la théorie et de l’exécution du projet, l’économie de l’audace et de la pertinencenous acculent à nous river au superficiel au lieu d’oser nous dépasser pour arriver à l’essentiel. L’incertitude caractérise la gouvernance démocratique et laïque, dans le cas précis d’Haïti. Dans ce climat, la stabilité politique et la pérennité économique ne peuvent être que consensuelles. La croissance est périssable, malgré les aléas programmés par la conjoncture. Si les protagonistes se résolvent à mutualiser leurs efforts et à converger leurs projets, on ne peut s’attendre qu’aux exploits. C’est la mauvaise foi, le manque de vision et le manque de respect pour les gouvernés qui provoquent l’incertitude dans le paysage politique haïtien.

Ø  C’est la faute à Voltaire, c’est la faute à Toussaint Louverture, plus près de nous la faute aux instigateurs du mouvement 46 et les protagonistes de la relance de 1986, notamment ceux-là dont les idées ont influencé et préparé les esprits d’aujourd’hui : « Jean-Bertrand Aristide, Leslie François Manigat, Gérard Pierre Charles,Laënnec Hurbon, Leslie Péan, Michèle Duvivier Pierre-Louis, Judy C. Roi, Camille Chalmers, Jean claude Bajeux, Micha Gaillard, Bérard Cénatus, Marc L. Bazin, Suzy Castor, Victor benoît, Serge Gilles, Pierre Buteau, Yves Dorestal, Lionel Trouillot et tous les artistes, penseurs et combitistes de la génération montante. Quels autres noms correspondants aux visages de héros ou d’avant-gardistes  calqué sur l’imaginaire conjoncturé par nos besoins pour nous inspirer et nous conduire vers l’autre chemin de l’itinéraire tracé par nos prédécesseurs, les circonstances aidant. Nos actions concorderaient à notre ascension, si nos rêves étaient à la dimension de notre parcours légendaire dans l’histoire mondiale. Les élites et nos amis et frères sans frontières, ayant l’aval des masses nécessiteuses, ont la légitimité de décision du prochain tournant historique, économique et politique en anticipant par l’application d’une nouvelle recette en vue d’un autre horizon où convergent les visions de ceux du nord et du sud pour la reconfiguration de l’état-nation arc-en-ciel. De ce brassage, naîtra indubitablement l’haïtien authentique, visionnaire, honnête, sérieux à même de cogiter, de transcender et de construire au lieu de liquider au gré des données dictées par le quotidien.


Ce texte m’a été inspiré par des amis européens


A l’institut Français d’Haïti en Décembre 2014

Par Rodrigue ADRIEN rodrigueadrien33@gmail.com

Illustrations: HCC

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