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Saturday, April 2, 2016

Montréal rend hommage à Anthony Phelps

Fuyant au début des années 1960 la dictature de Duvalier, Anthony Phelps, comme de nombreux autres exilés de l’époque, a été accueilli à Montréal. Un demi-siècle plus tard, la Ville rend hommage à l'auteur de "Mon pays que voici".

Par Claude Gilles
Anthony Phelps honoré par la ville
de Montréal le 24 mars 2016.       
L'écrivain et poète haïtien Anthony Phelps, auteur du célèbre recueil et disque «Mon pays que voici», a été reçu à l’hôtel de Ville de Montréal pour un hommage soutenu. Le président du conseil de ville, Frantz Benjamin, a profité de la Journée mondiale de la poésie pour glorifier, dit-il, « un homme exceptionnel qui a marqué tant de vies, des Montréalais, des Haïtiens ». Poète et originaire lui aussi d’Haïti, Frantz Benjamin a parlé de l’importance et de l’influence de l’œuvre d’Anthony Phelps pour la communauté haïtienne et la ville de Montréal. Phelps, comme plusieurs autres poètes qui portaient les douleurs de l’humanité, s’était refugié en 1964 dans « une ville qui l’a accueilli à bras ouverts », a indiqué l’hôte officiel à l’occasion de la cérémonie hommage.

En paroles et en chansons, des poètes haïtiens et québécois, notamment Gary Klang, Wesley Rigaud, la conteuse haïtienne Joujou Turenne, et le musicien Toto Laraque s’alternaient sur la scène érigée à la maison des citoyens de Montréal pour saluer l’œuvre de Phelps, une référence de la littérature contemporaine d’Haïti. "Mon pays que voici", œuvre la plus accomplie de l’auteur, résonnait dans le temps comme un hymne à la liberté en Haïti comme dans les Antilles. Ernest Pépin, poète et romancier guadeloupéen, se souvient de l’époque quand les étudiants guyanais avaient dans leur chambre, à l’université, le même poster, celui de Che Guevara ; le même livre, Cahier d’un retour au pays natal de d’Aimé Césaire; et le même disque, Mon pays que voici d’Anthony Phelps.

C’est un homme ému qui a dit « merci » à Montréal, sa terre d’accueil. « Quand je suis arrivé ici en 1964, en exil, j’ai commencé tout de suite à écrire un poème hommage a cette ville », a expliqué Anthony Phelps. Dans l’un de mes poèmes, dit-il, je m’étais adressé à la ville. « Ce soir Montréal me répond !», s’exclame le poète, diseur et romancier d’une voix reconnaissante. À travers sa riche production littéraire, il a fait voyager Montréal à travers les Caraïbes.

Anthony Phelps assis au milieu des participants pour
signer le registre d'honneur de la ville de Montréal.     
« Cet hommage de la ville rejaillit sur nous tous, puisqu'il s'agit du doyen des poètes haïtiens. Mais au-delà de la poésie, je crois que Phelps méritait cet hommage pour sa participation dans la dynamique culturelle des quarante dernières années au Québec où il a fait du théâtre et de la radio entre autres », a apprécié le poète et journaliste Jean Emmanuel Pierre.

L’œuvre du poète et romancier qui a le droit de cité depuis la sortie de Mon pays que voici a déjà été saluée au Canada. Le ministère des Relations avec les citoyens et de l’Immigration (du gouvernement du Québec) lui a aussi décerné, le 2 février 2011, une plaque d’honneur à l’occasion du forum "Encre noire, littérature et communautés noires". Plusieurs fois boursier du Conseil des Arts du Canada (bourse de création libre), Phelps a deux fois obtenu le prix de Poésie Casa de las Américas, Cuba.

Mémoire en colin-maillard, un texte fondamental écrit en 1971 dans la riche biographie de l’auteur vient d’être réédité par Le Temps des cerises. C’est un roman charnel, puissant et dérangeant pour les tontons macoutes, la milice armée de l’ère duvaliérienne.

À 88 ans, Phelps s’apprête à ajouter un nouveau titre dans sa biographie dense et diversifiée. Son prochain recueil sera en signature le 20 avril prochain, à la Maison des écrivains.

Source : Le Nouvelliste

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