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Saturday, November 7, 2015

« LES MEMES CAUSES PRODUISENT LES MEMES EFFETS »

Par Emmanuelle Gilles 
Emmanuelle Gilles
On constate toujours les mêmes problèmes à chaque période électorale… Un gouvernement qui impose un candidat pour se maintenir au pouvoir, une puissance qui s’ingère cavalièrement dans le processus électoral haïtien et qui impose ses résultats. Un gouvernement qui n’arrive pas à s’autonomiser et financer ses élections, une opposition qui n’arrive pas à s’unir autour d’un consensus, un Conseil Electoral  qui dresse une loi qui ne tienne pas compte des obstacles. Les mêmes causes produisent les mêmes effets, on penserait qu’on essayerait de changer la donne et percer le mystere de la boite de pandore !
Lorsqu’Opont avait déclaré que le président qui a été proclamé gagnant en 2010 n’était pas celui qui a été élu. Je suis tombée des nues. C’était grave car la confiance de toute une population a été violée. Comme vous l’aurez remarqué, par principe, j’avais supporté le président élu et lui donner le bénéfice du doute car à mon avis, on ne vote pas pour un président pour le renverser deux ans après parce qu’on n’est pas satisfait. En votant pour un chef d’Etat, on vote son programme, sa vision et ses intentions. Nous autres haïtiens, nous avons une autre culture qui sous-entend aimer un président comme un icone, le tolérer dans toutes ses dérives sans discernement ou le détester à le renverser. Il n’y a pas de commune mesure ou d’analyse objective, c’est-à-dire savoir reconnaitre ce qu’il y a de positif ou de négatif et même de diabolique chez certains. Comme l’avait dit Blaise Pascal « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà ». Pour beaucoup, Il est tout simplement question de profiter du pactole. L’absence de structures laisse entrevoir que le gouvernement en Haïti est un moyen sûr de faire fortune dans un très bref délai. Ceci dit, en revenant sur les manifestations sans cesse pour le pouvoir, il était normal qu’on privilégie la stabilité politique dans la mesure ou on comprend que le développement d’un pays à long terme y dépende et le « kraze brize dans les rues n’ont jamais avancé notre pays ou notre cause, au contraire ces pratiques découragent le développement de bons partenariats cruciaux pour une bonne coopération au niveau bilatéral et international. Bref !!
Lorsqu’un gouvernement est « élu », on se doit de souhaiter sa réussite dans l’intérêt du pays et jusqu’à nouvel ordre sans pour autant supporter la personnalité. Je suis stupéfaite de voir des gens soi-disant éduqués, qui n’arrivent pas à faire une distinction entre la personnalité et la fonction. En fait, le problème qui caractérise les fanatiques invétérées par rapport aux analystes éclairés c’est leur opportunisme, leur attente personnelle d’un gouvernement. Je ne serai jamais dans la logique de déstabilisation et des manifestations dans le vide sans une alternative viable. Je suis pour la destitution d’un gouvernement qui commet des délits graves à travers un processus légal et non des manifestations de rue ou par la voie du dechoukage. Si les structures n’existent pas pour contrôler les excès d’un gouvernement et prendre des sanctions appropriées, il faut voir que le problème est grave et le demeurera aussi longtemps qu’il n’est pas abordé! Le pays est incapable de se doter d’un conseil constitutionnel ou d’un conseil Electoral permanent, deux obstacles majeurs à la stabilisation du pays. Chaque gouvernement élu est bonnet blanc et blanc bonnet a tour de rôle et je me demande pourquoi continuer à organiser de mascarades d’élection-leurres quand on connait les résultats à l’avance et l’entité qui tire les ficelles. Au niveau institutionnel, quels résultats avons-nous remarqué? aucune réforme constitutionnelle, aucune réforme institutionnelle, aucune politique de décentralisation, de l’administration publique et aucune politique multisectorielle susceptible de susciter même une lueur d’espoir dans un pays condamné à la pauvreté par ses propres leaders.
Lorsque l’on sait que les mêmes causes produisent les mêmes effets et on persiste à œuvrer dans la même direction depuis des décennies, même lorsque les statistiques nous classent parmi les derniers en tout, on n’est pas seulement de mauvaise foi, on est méchant! On peut bien me demander pourquoi « ON » ? C’est parce que c’est nous qui votons, c’est nous qui revendiquons ! C’est ce qui nous rend tout aussi complice !
Si Martelly a réalisé certains projets et mis en branle quelques programmes, il faut le reconnaitre, Malheureusement, j’ai été particulièrement écœurée par la désinvolture avec laquelle le Président avait géré le dossier des Haïtiens en République Dominicaine aussi bien que la mise en liberté de certains bandits notoires. Comme tous ses prédécesseurs, ils ont tout fait pour influencer le système judiciaire, un signe qu’ils n’ont pas le souci de renforcer les institutions. Rien de nouveau ! En outre, le vol, la corruption l’abus de pouvoir par la famille se confirmaient a vu d’œil. Je serais peut-être inconsciente de ne pas faire preuve d’objectivité, de donner au gouvernement ses mérites là où elles sont dues et de condamner de façon virulente les nombreuses violations et abus de pouvoir. Il me semblerait que le Chef d’Etat chanteur n’a pas suffisamment frisé le ridicule. A cela s’ajoute son intention d’imposer son candidat en nous faisant le coup du père François tout comme en 2010 avec Préval et en 2000 avec Aristide. S’agissant du « Nègre bananne », dont jusqu’ici le seul péché c’est de se faire passer pour une marionnette du pouvoir, Il n’est pas surprenant que des mains externes y soient trempées mais en même temps la sortie d’Aristide peut avoir été le déclencheur du vote en faveur de Jovenel Moise dans certains secteurs dans le but de contrecarrer une autre ère lavalassienne. Haïti est un pays condamné par ses propres leaders et des hommes influents du secteur privé en complicité avec le nord. L’on doit se demander où sont les penseurs d’Haïti lorsqu’on est réduit à ce stade d’asthénie et d’alanguissement où on ne peut que crier « AU SECOURS » et Haro sur le baudet ! La patrie est en grand danger de mort ! Il faut des opérations chirurgicales ponctuelles pour la sauver.
Notre constitution est la règle la plus élevée de l’ordre juridique de notre pays. Elle est le mode de fonctionnement d'un pays, Elle doit être efficace à garantir les droits et libertés des individus et la séparation des pouvoirs. Dans la mesure où notre système politique a échoué, et tout le monde le constate, un amendement constitutionnel s’impose pour débloquer une situation récurrente défavorable à notre pays. Mes recommandations sont les suivantes :
D’un point de vue constitutionnel :
1) En aucun cas les Elections ne peuvent être financées par des fonds étrangers, c’est déjà un moyen d’éviter l’ingérence des étrangers dans le processus, moyennant que les acteurs nationaux prennent leurs responsabilités;
2) En aucun cas un Diplomate étranger ou un représentant ne peut influencer le vote du peuple ou imposer un candidat ;
3) Vu les circonstances de conflits constants, les couts élevés et l’ingérence extérieure, les élections ne se feront plus par suffrage universel directe, une possibilité serait que le choix du président se fasse par vote au niveau des parlementaires de haut niveau mandatés par leur région respective; Pour réduire les couts des élections, un système parlementaire aurait été plus approprié. 
4) Le Conseil Electoral Permanent doit être constitué dans l’immédiat selon la lettre de la constitution autrement les élections ne pourront être validées sans un Conseil Electoral Permanent ;
5) Un Conseil Constitutionnel doit être établi dont le rôle est de veiller au respect des lois constitutionnelles, servir d’arbitrage entre l’exécutif et le législatif en cas de conflits et serait responsable de prendre des décisions pour sanctionner un chef d’Etat ou un parlementaire accusé de violations (vols, crimes, corruption etc….) à partir d’un audit par ce conseil ;
6) Les délibérations du Conseil Constitutionnel doivent être télévisées pour le grand public ;
7) Les élections doivent être organisées par le Conseil Electoral permanent seulement après le départ du gouvernement ; Un gouvernement provisoire est formé durant la période électorale en attendant la proclamation des résultats. Le gouvernement provisoire n’aura aucun rôle dans l’organisation des élections.
8) Les parlementaires doivent être âgés de 45 ans minimum, licenciés en droit et diplômés de l’université, ou ayant une expérience approfondie dans le domaine du droit en lieu et place d’un diplôme universitaire, une condition pour être candidat au Senat. A noter que les parlementaires sont appelés à voter des lois, des conventions et des traités, à les analyser et à les ratifier. Il est important qu’ils soient bien formés afin de remplir les tâches qui leur incombent avec efficacité.
9) Eliminer la chambre des députés. Ce système bicaméral ne fait que grossir le budget de l’Etat. Le pays peut bien gouverner avec un système monocaméral. 
10) En remplacement de la chambre des députés, je propose que chaque département ait un gouverneur pour administrer leur région respective ;
11) Pour être élu chef d’Etat, il faut être âgé de 45 ans ou plus, avoir une formation universitaire et un certificat de bonne vie et mœurs;
12) Un audit doit être opéré à la fin du mandat de chaque président et du Premier Ministre ;
13) Déclaration des biens du Chef de l’Etat avant et après leur mandat ne doit pas être une option mais une loi à observer. 
14) Un gouverneur par département géographique responsable du développement de leur département respectif ; Leur rôle serait de mettre en valeur les ressources de leur région, créer des activités économiques, mobiliser des ressources et réduire la pauvreté ;
Loi Electorale :
1. Pour être candidat à la présidence, et recevoir des fonds de campagne, il faut avoir été militant dans un parti pendant une période de 5 ans, et les membres du parti doivent évaluer la capacité du candidat à remplir la fonction de Chef d’Etat ; C’est la responsabilité d’un parti de s’assurer qu’un candidat à la présidence remplisse les conditions requises !
2. Les candidats indépendants et non issus d’un parti politique doivent payer une somme d’argent à l’Etat et ne seront guère éligibles à recevoir des primes pour leur campagne ; Ainsi aucun candidat ne puisse se déclarer candidat a quelques mois des élections sans préparation au préalable.
3. Aucun candidat ne pourra poser sa candidature à un poste politique si le parti n’a pas été créé et reconnu par l’Etat cinq ans auparavant. C’est ainsi qu’on évitera qu’un quidam vienne briguer la présidence quelques mois avant les élections ou qu’un chef d’Etat créé un parti dans le but de se présenter aux élections. 
4. Une fois que la constitution interdit noir sur blanc l’ingérence étrangère et les politiques imposées à la nation, le Chef d’Etat qui se voit contraint doit pouvoir se servir de la constitution en guise de réponse formelle.

Il reste à savoir s’ils vont continuer sur cette même lancée sans tenir compte que les mêmes causes produisent les mêmes effets! Comme disait Albert Einstein, « c’est de la folie de penser qu’en faisant tout le temps la même chose, vous pouvez obtenir des résultats différents! »

Emmanuelle Gilles
3 novembre 2015




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