Pages

Pages

Monday, January 31, 2022

L'invasion russe en Ukraine.

Y aura-t-elle une invasion russe en Ukraine ou non ?

Tout semble prévoir dire non. Car, au début, avec cette armada de soldats aux frontières de l'Ukraine, cette invasion apparaissait résolue, certaine et imminente. Mais, ayant perdu son momentum avec les déclarations de représailles rapides, écrasantes de l'occident, le risque d'invasion est devenu désormais, moins probable. Le président Poutine pensant vouloir rééditer son action en Crimée, et dans les territoires de l'Ukraine annexés par les sympathisants russes, s'est heurté cette fois-ci devant une coalition déterminante et menaçante de l'occident. Et Poutine est peut-être l'un des plus grands stratèges politiques du monde contemporain, mais il sait que la Russie de nos jours n'est plus l'ancienne Union soviétique. Elle est devenue, qu'on le veuille ou non, un État de second ordre avec un démographie de moins de 150 millions, très en dessous de celle il y a 40 ans et une économie en défaillance. Oui, elle a encore une force militaire toujours capable de faire peur et d'envahir tous les petits pays satellites autrefois membres du Soviet Suprême, mais comment pourrait-elle aujourd'hui entretenir une telle occupation, quand l'occident tient autour d'elle un embargo économique presque total. 

Maintenant, Poutine pris dans ses propres stratégies, ses propres filets, fait des pirouettes pour s'en défaire sans dommages et sans perdre de prestige et devant les russes et devant le monde entier. Mais, c'est certain, tôt ou tard, il va payer pour ce mauvais coup. 

Jean Mathurin

Le président Macron et son homologue russe Vladimir Poutine

Le président français Emmanuel Macron et son homologue russe Vladimir Poutine se sont entretenus de la situation en Ukraine lors d'un nouvel appel téléphonique, a annoncé lundi l'Elysée dans un communiqué.

"Les deux présidents accueillent favorablement les avancées positives en format Normandie, et souhaitent tous deux poursuivre le dialogue dans ce cadre pour une mise en oeuvre des Accords de Minsk relatif à la situation dans le Donbass", précise l'Elysée.

Les deux dirigeants ont discuté des garanties de sécurité demandées par Moscou et sont convenus d'envisager une rencontre en face-à-face, a indiqué de son côté le Kremlin.

Selon l'Elysée, une telle rencontre entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine n'est pas exclue mais aucune date n'a été fixée à ce stade.

Emmanuel Macron et Vladimir Poutine s'étaient déjà entretenus par téléphone vendredi. Le président russe avait réitéré sa demande de garanties de sécurité de la part des Etats-Unis et de l'Otan, soulignant qu'il ne souhaitait pas une escalade des tensions.

(Reportage de Michel Rose à Paris et Vladimir Soldatkin à Moscou; version française Camille Raynaud, édité par Tangi Salaün).

Sources combinées

Thursday, January 20, 2022

DU PONT-ROUGE À PÈLERIN 5

Haïti : Extermination de Pères fondateurs

et Pratiques d'exclusion

 

Le texte qui suit est un extrait du livre d’Eddy Cavé intitulé Haïti : Extermination des Pères fondateurs et Pratiques d’exclusion, qui vient de paraître au Canada. 

Eddy Cavé
Auteur
L’assassinat du président Jovenel Moïse dans sa chambre dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021 à Pèlerin 5, dans les hauteurs de Port-au-Prince, a remis sur le tapis la délicate question du renversement par la violence des régimes autocratiques n’offrant ou ne garantissant aucune perspective d’alternance démocratique à la tête de l’État. Pour saisir le sens profond et la portée de cet assassinat, il convient de commencer par le placer dans le prolongement de ceux de Dessalines en 1806, de Cincinnatus Leconte en 1912, de Vilbrun Guillaume Sam en 1915. Et il y aurait lieu d’ajouter à ces précédents le suicide de Christophe survenu en 1820 au moment du soulèvement des cultivateurs du Nord à l’instigation du général Richard ; l’exécution publique de Sylvain Salnave en 1870 sur les ruines du Palais national peu de temps après son renversement ,  la fuite en exil de nombreux chefs d’État menacés d’exécution ou de lynchage par des insurrections triomphantes. 

La longue période comprise entre les drames du Pont-Rouge et de Pèlerin 5 est marquée par une succession de renversements violents de régimes dictatoriaux, dont ceux de l’empereur Faustin Soulouque contraint à l’exil en 1857, des présidents Boyer en 1843, Fabre Geffrard en 1867, Michel Domingue en 1876, Lysius Salomon en 1888. Ces chefs d’État ont tous tenté d’instituer un ordre politique reposant sur des violations incessantes de l’ordre constitutionnel, la suppression de libertés publiques et l’emploi de la force, et ils ont tous échoué lamentablement. 

Les deux seuls autocrates et présidents à vie à mourir dans leur lit auront été Alexandre Pétion et François Duvalier. Le premier dont la politique de lese grennen associée à des distributions calculées de terres s’est révélée d’une très grande efficacité, malgré les effets dévastateurs de la République de type héréditaire et de la présidence à vie; le second dont le recours à la terreur combiné à une exploitation habile des contradictions des conjonctures nationale et internationale a donné les résultats escomptés. François Duvalier est ainsi parvenu à conserver le pouvoir pendant treize ans avant de le transmettre à son fils mineur Jean-Claude, qui le gardera pendant une période additionnelle d’une quinzaine d’années. 

En empruntant au football la stratégie des « passes courtes » consistant à confier le pouvoir pour cinq ans à un coéquipier sûr pour le reprendre ensuite dans le respect apparent de la Constitution de 1987, les stratèges des partis Lavalas et PHTK étaient convaincus d’avoir trouvé une formule sûre et efficace permettant de séquestrer le pouvoir pour un minimum de 20 ans. En remettant en honneur la vision autocratique et despotique des Pères fondateurs, ils ont oublié que ces derniers ont pour la plupart péri dans la violence armée et les machinations des proches du pouvoir.  C’est ainsi que Jovenel Moïse a été abattu pendant qu’il était entouré des siens et que, selon toute vraisemblance, on dira de lui à l’avenir, comme on a dit de Dessalines : Pèsonn pa konnen ki mò ki touye lanpwè. 

Bref, l’observation du règne des cinq chefs d’État assassinés au pouvoir  et des nombreux autres renversés par des insurrections armées fait ressortir une double constante de notre histoire : une propension marquée de nos chefs d’État à concentrer entre leurs mains toutes les prérogatives et tous les instruments de coercition associés au pouvoir politique; le recours des aspirants au pouvoir et des autres opposants ou mécontents à la conspiration, l’insurrection armée ou l’assassinat du Premier mandataire.

Les coups de force immaculés

Au chapitre des enseignements de l’occupation américaine de 1915 dans la vie politique, il faudra retenir ici l’introduction de trois pratiques antidémocratiques : le référendum entaché de fraudes, la manipulation des élections, les coups d’État sans atteinte à la vie du Président.  Autrement dit, un raffinement des pratiques grossières remontant à l’extermination des Pères fondateurs de la Nation.

Référendum et élections truqués

Inconnu dans les traditions politiques haïtiennes, le mode de consultation directe qu’est le référendum a été introduit au pays en 1918, un an après la dissolution des Chambres par l’Occupant sous le gouvernement de Sudre Dartiguenave. Durant la campagne électorale américaine de 1920 aux États-Unis, Franklin Delanoë Roosevelt se vantera d’avoir écrit lui-même, pendant qu’il était secrétaire adjoint de la Marine américaine, cette constitution qu’il qualifiait de « pretty good one ». La Constitution octroyant aux étrangers le droit d’acquérir des terres est alors soumise à la ratification populaire sous la supervision des marines, et le président républicain et isolationniste américain Warren G. Harding lui-même en dira par la suite : « C’est une constitution, appelée plébiscitaire, que les baïonnettes nord-américaines ont enfoncée dans la gorge du peuple haïtien ». 

En effet, il y eut 98 225 OUI, contre 768 NON, soit un pourcentage de 99,92 % à la tenue du référendum haïtien de 1918. Un deuxième référendum servira en 1935 à approuver un projet de refonte totale de la Constitution élaboré par le Législatif à la demande de Sténio Vincent. 

Dans la conception des dirigeants haïtiens, le référendum, est un acte de gouvernement fort qui doit être gagné avec une majorité écrasante, peu importent les moyens utilisés à cette fin. L’ancien colonel Astrel Roland a raconté dans Le naufrage d’une nation comment il a, à la demande du gouvernement Vincent, utilisé les campagnards de l’arrondissement de Jacmel avec l’aide du préfet Barnave Craft pour assurer le succès du référendum de 1935. 

Le scénario du référendum à l’américaine se répétera avec celui du 22 juillet 1985 organisé sous Jean-Claude Duvalier par  Roger Lafontant pour obtenir l’approbation de la constitution adoptée cette même année. Bien que le gouvernement eût alors perdu sa base populaire, il gagna ce référendum avec une majorité incroyable de 99,98 %. Personne   ne prit cette farce au sérieux, mais le résultat était presque le même que celui obtenu avec le modèle américain de 1918, soit 99,92 %.

Comble de l’hypocrisie, les membres de la Commission Forbes dépêchée en Haïti pour enquêter en 1930 sur le déroulement de l’Occupation indiquèrent clairement aux autorités haïtiennes que le gouvernement américain ne reconnaîtrait les résultats des consultations électorales qu’à la condition « qu’elles se soient déroulées sans violence et sans fraude ». Les dirigeants haïtiens n’en ont cure. Avec la complicité de l’ambassade américaine, ils manipulent les scrutins à leur guise, réinventent la méthode du bourrage des urnes qu’adoptera Vladimir Poutine pour assurer ses réélections, intimident les électeurs et proclament les résultats qu’ils désirent. 

Au tournant du millénaire, l’intervention américaine dans le processus électoral se fera sans faux-fuyants avec les Clinton qui dicteront d’autorité aux membres du Conseil Électoral les résultats des scrutins tenus après le séisme de 2010. Dès lors, toutes les dérives étaient possibles, et le pays se trouvera une fois de plus livré à lui-même. Dans le même temps, il était ravagé par un violent séisme, et le personnel militaire de l’ONU y introduisait une épidémie de choléra de souche népalaise qui fit une véritable hécatombe.  

Une constante trop souvent négligée 

Entre l’assassinat de Dessalines en 1806 et celui de Jovenel Moïse en 2021, il y a eu une accalmie de 106 ans commencée après le lynchage de Vilbrun Guillaume Sam en 1915. Celle-ci s’explique, non par un adoucissement des mœurs ou des traditions politiques, mais par un remodelage des coups de force. Tandis que l’Occupation mettait fin à l’hégémonie des généraux venus du Nord pour confier le pouvoir à des civils, elle ouvrait une ère de manipulation des urnes et de coups d’État que je qualifierais de « coups de force immaculés ». Cette nouvelle pratique a été inaugurée avec l’Affaire Calixte en 1937, sous Sténio Vincent, puis appliquée systématiquement contre les présidents Élie Lescot en 1946, Dumarsais Estimé en 1950, Paul Eugène Magloire en 1956, Daniel Fignolé en 1957, Leslie Manigat en 1988 et Jean-Bertrand Aristide, une première fois en 1991, puis une deuxième fois en 2004. 

La grande innovation des coups d’État de l’après-1935, c’est qu’ils doivent se faire et se font en réalité sans effusion de sang, tout au moins au niveau de la présidence. En outre, leurs instigateurs veulent ou prétendent tous assurer le respect de la Constitution et assurer la paix des rues, la sécurité des foyers et la protection des biens et des vies humaines. Ainsi emballés et présentés au public, les coups d’État semblent correspondre à la mission primordiale de l'Armée. Le président est alors forcé d’abandonner le pouvoir et de partir pour l’exil sous la menace des armes, de la rue ou des deux, mais sa vie est protégée par le général en chef ou le colonel qui aspire à le remplacer. Sa vie doit être protégée, car le futur chef d’État doit avoir les mains propres, immaculées. 

Ce nouveau chapitre de notre histoire s’ouvre ainsi avec l’Affaire Calixte en 1937. La tentative de coup d’État contre Sténio Vincent au profit du colonel Démosthène Calixte commence cette année-là par un coup de feu qui blesse le chef de la Garde présidentielle, le colonel Durcé Armand.  Presque tous les conjurés sont réunis autour du président quand il se rend à l’Hôpital militaire de Port-au-Prince au chevet de ce dernier, qui est aussi du nombre de ses amis. Ils attendent seulement un geste du colonel pour faire feu sur le président, mais celui-ci préfère s’interposer entre eux. 

À la chute d’Élie Lescot, le 6 janvier 1846, le major Paul Magloire, chef de la Garde du Palais, jouera un rôle similaire de tampon, protégeant la vie du président comme l’avait fait le colonel Calixte et laissant passer la direction de la junte militaire au colonel Franck Lavaud et au major Antoine Levelt. Le même scénario se répétera à la chute d’Estimé en 1950 avec les mêmes acteurs, qui ont seulement changé de grades, le général Lavaud, les colonels Levelt et Magloire. Le 13 décembre 1956, au renversement de Magloire, devenu président en 1950, les choses se passeront de manière légèrement différente. Dans le contexte d’une grève générale paralysant le commerce, les écoles, l’Université, les tribunaux, le président sera répudié par le haut état-major de l’Armée, contraint de démissionner et de partir pour l’exil. Donc, aucune effusion de sang. 

L’après-1986                                                   

La succession de coups de force qui marque l’après-1986 suit le même scénario que les précédents, avec les renversements successifs de Namphy I et II, Prosper Avril, Leslie Manigat, Aristide I et II. La vie de ces chefs d’État est seulement menacée. Ils sont faits prisonniers, obéissent aux ordres des mutins et partent pour l’exil. Deux exceptions : Préval I et II et Michel Martelly favorisés par la présence d’une force étrangère d’interposition sur le territoire national. 

De Dessalines à Jovenel Moïse, rien n’a donc changé et on se retrouve au point de départ, tant du point de vue historique que politique. Dans l’émission de grande écoute « Lumière sur le monde » diffusée sur YouTube dans la matinée du dimanche 11 juillet 2021, l’écrivain Jean Fils-Aimé tentait de saisir les dessous de l’assassinat du président Moïse. Dans sa vision des choses, le président aurait été assassiné par des proches, et les Colombiens emprisonnés comme suspects auraient été appelés sur les lieux du crime après le fait pour brouiller les pistes Le modèle des coups de force immaculés avait fait son temps ! 

Retour sur l’expérience américaine des référendums en Haïti

Pendant que les Américains respectaient chez eux les principes de base de la séparation des pouvoirs et du respect de la volonté populaire, ils introduisaient en Haïti des pratiques de manipulation des urnes qui durent encore. Le colonel Astrel Roland, qui a reçu sa formation militaire à l’école des Américains durant le premier quart du 20e siècle, a relaté en toute franchise la manière dont il a dirigé le référendum de 1938 dans l’arrondissement de Jacmel, alors placé sous son commandement.  L’auteur explique, que conformément aux instructions reçues il effectua une tournée dans les campagnes environnantes pour les paysans à venir voter en masse pour l’un des troiscandidats :M. Référendum, Dr Amendement et le Dr Plébiscite.                                                   

Ce fut un véritable succès. « Les électeurs reçurent du préfet une petite somme d’argent, des mouchoirs et des provisions alimentaires. Ils nous chargèrent de transmettre leurs remerciements à M. Référendum qui, nous assurèrent-ils, pouvait compter sur eux; car ils en avaient assez des politiciens et de leurs mensonges. 


Par la suite, Sténio Vincent utilisera les mêmes méthodes  pour se débarrasser de onze sénateurs de l'opposition et faire approuver modification de la Constitution de 1932 qui interdisait sa réélection immédiate : « Ils vinrent par bandes de plusieurs centaines votèrent chacun des dizaines de fois, dansèrent, mangèrent : ils reçurent de nouveaux cadeaux et s'en allèrent ivres de joie en entonnant des chansons composées sur place pour louer la bonté de « PAPA RÉFÉRENDUM » et chanter ses gloires ». 

La manipulation des élections

Dans Témoignages 1946-1976, l’espérance déchue, le colonel Pressoir Pierre a expliqué avec force détails la contribution décisive de l’Armée d’Haïti à la victoire de François Duvalier aux élections générales du 22 septembre 1957. Il explique qu’il obtint dans ce but le poste de Chef du Service des Recherches Criminelles et contribua largement à la mémorable victoire du 22 septembre 1957. 

Cet aspect des élections dites dirigées ou officielles en Haïti étant bien connu, il n’y a pas lieu de s’y attarder. Une seule exception durant cette période, les élections générales qui ont porté le père Aristide au pouvoir en 1990. 

Wednesday, January 12, 2022

*IN MEMORIAM Daniel ETIENNE « Tcheno »*

Déjà 1 an! 

Par Janin Léonidas

Feu Daniel Étienne

Deux mots servent de rempart à tout penseur digne de ce nom quand, de façon impromptue, le destin nous rappelle la fragilité de notre existence terrestre.  Oui, deux mots trouvés dans le lexique religieux mais qui se cachent dans l’inconscient collectif, mesurent notre faiblesse et traduisent notre peur de la mort. 

Anathème et Blasphème sont les deux lignes imaginaires où flotte notre conscience d’hommes dans ces moments d’épreuve.  Le premier est une réprobation, une non-acceptation, un déni d’une évidence qu’on oublie, balloté par le quotidien et qui finira par s’imposer à nous, simples créatures.

Le second est perçu comme un outrage à la vie comme si l’homme avait vocation d’éternité et fait corps avec le temps dans un enracinement confortable.  Mais la souffrance et la mort sont les lots de notre humanité car naître et mourir sont les deux points d’une même ligne droite.

Il est des moments auxquels on voudrait ne pas faire face. Il est de ces instants où le devoir nous appelle et l’on doit tirer au tréfonds de son âme la dernière énergie pour rendre cet ultime hommage.  Comment accepter l’évidence et se dire que là, dans cette bière se trouve une présence, un ami frère, un pan de notre vie.  Car Daniel ne laissait personne indiffèrent.

Il est issu d’une lignée qui malheureusement chez nous disparaît.  J’ai bien dit d’une lignée, cette race d’hommes issus du pays profond qui s’accrochent à leur patelin, s’identifient à une zone, portent avec eux le parfum de leur terroir et exhibent les valeurs morales transmises depuis des générations.

Il fait partie de ces fleurons vivant leur foi en se mettant au service des autres dans une disponibilité proverbiale sans attendre ni récompense ni reconnaissance sachant seulement que l’autre est à son image.  Il avait gardé la foi de son enfance que les incertitudes de la vie ne pouvaient ébranler. Et s’il fallait dans la galerie des citations sortir une qui identifierait Daniel Étienne, un illustre grand’anselais comme lui le General Dumas l’avant déjà ciselé :  Le léopard ne change pas de peau, l’honnête homme de change pas de conscience. Il incarnait la droiture.

Amis de la communauté Jérémienne

Notre région a une âme.  Nous la cultivons, nous la vénérons mais certains portent haut en couleurs leur admiration de notre terre chérie.  Daniel était un pan de notre quotidien.  Il avait la colère brusque de notre nordé, sa présence l’odeur d’un mango île, son amitié avait un goût de pisquette et de comparet.  Daniel aimait la vie comme si chaque jour pour lui était abondance.  Il avait en lui la générosité de la Rivière Grand’Anse, son amitié coulait comme Roseaux et avait l’utilité de la Voldrogue.   Daniel aujourd’hui pour nous devient monument éternel comme Ti Amelie comme St. Louis. 

Très chère Midou, Gayou, Damyl

Trois choses comptaient dans la vie de Tcheno : sa famille, son travail et sa ville.  Il n’a jamais été pris à défaut quand il s’agissait pour lui de répondre à ses devoirs de Père, d’époux et de citoyen.  Et depuis 1982 jusqu’en août dernier, toujours au même endroit et de façon spontanée et même s’il dormait dans la jeep, il faisait le signe de la croix où, me confiait-il la main de l’Éternel avait évité la disparition tragique de vous quatre dans un accident.  

Le voilà avec sa discrétion habituelle, sorti de notre quotidien mais la patine du temps ne pourra jamais effacer dans nos cœurs comme dans nos souvenirs sa belle image. Le réconfort viendra en se remémorant de ses belles actions et de son dévouement au service des humbles.

Damyl, 

Te voilà aujourd’hui responsable du nom et d’une tradition.  Le modèle est là, et sur tes épaules Gayou et Midou trouveront le courage d’accepter le douloureux départ.

Tcheno, 

Nous garderons ton souvenir vivant et illuminé. Pars en paix, tu manqueras toujours à la ville pour les Saint-Louis à venir.

Janin Léonidas



L'approche de Biden en Haïti est une "recette pour le désastre" selon l'ancien émissaire Daniel Foote.

Daniel Foote lors de sa désigantion comme émissaire spécial  d'Haïti

Un article de “THE HILL” traduit par HCC

L'ancien émissaire spécial de l'administration Biden prévoit que l'approche du président à l'égard d'Haïti pourrait déstabiliser davantage cette nation caribéenne déjà fragile.

Sous l'administration  de Joe Biden, les États-Unis ont expulsé plus de 14 000 Haïtiens depuis septembre, tout en évitant  de faire des déclarations politiques majeures concernant ce pays.

Alors que de hauts responsables du département d'État et de la Maison Blanche se sont rendus dans le pays pour consolider la stabilité politique, la méthode d'expulsions a conduit à la démission de l'ex envoyé spécial pour Haïti Daniel Foote en septembre de l'année dernière.

Des gens désespérés et dépourvus de rien sont réintroduits dans une ville où se trouvent déjà des dizaines de milliers de personnes déplacées par les gangs - recette pour un désastre -  a déclaré Foote à "The Hill" lundi, en faisant référence à la capitale d'Haïti, Port-au-Prince.

Au cours de l'année écoulée, Haïti a connu un tremblement de terre dévastateur, une crise constitutionnelle, l'assassinat d'un président en exercice, une tentative d'assassinat du premier ministre en exercice et le retour forcé de nombreux Haïtiens des États-Unis.

En septembre, environ 15 000 Haïtiens se sont rassemblés sous un pont à Del Rio, au Texas, après avoir traversé le Rio Grande.

Le scandale politique qui s'en est suivi a poussé  l'administration Biden à apposer la mention "Titre 42" sur les Haïtiens à la frontière, permettant ainsi aux autorités fédérales d'expulser rapidement les Haïtiens sous couvert de protections sanitaires liées à la pandémie.

Ces expulsions se sont poursuivies sous forme de vols quasi quotidiens vers Haïti - 131 depuis l'incident de Del Rio, selon les statistiques distribuées par l'Institut pour la justice et la démocratie en Haïti.

M. Foote, dont la mission était de conseiller le département d'État sur la paix et la stabilité en Haïti, a appris au sujet des rapatriements en regardant les informations télévisées. Il a annoncé sa démission peu de temps après, frustré à la fois par l'effet déstabilisant des rapatriements et par son incapacité à influencer les politiques de l'administration Biden sur le paysage politique en évolution d'Haïti.

En juillet, le président haïtien Jovenel Moïse a été assassiné au milieu d'une crise constitutionnelle qu'il avait en partie créée, peu après avoir nommé Ariel Henry au poste de premier ministre.

Après un court intermède sous la direction du premier ministre intérimaire de l'époque, Claude Joseph, Henry est devenu le nouveau leader intérimaire avec le soutien de ce que l'on appelle le Core Group, une association de diplomates étrangers dont l'ambassadeur des États-Unis.

Le soutien des États-Unis à Henry a irrité de nombreux observateurs d'Haïti, y compris Foote, qui a vu dans cette décision le reflet des échecs passés de la diplomatie américaine dans le pays.

"Il m'est apparu clairement que les États-Unis allaient soutenir Ariel Henry, à moins qu'il ne meure ou autre chose. Ils étaient tout simplement derrière lui et ils avaient mis tous leurs atouts dans son jeu", a déclaré Foote.

"Et donc je me suis dit, vous savez quoi, je ne vais pas changer ça de l'intérieur. Personne n'écoute. La seule façon - et probablement même cela ne le changera pas - mais je peux garder le rêve en vie. La seule façon de le garder en vie, ce rêve, est de devenir nucléaire. Vous savez, faire en sorte que le monde voie ce qui se passe", a-t-il ajouté.

En octobre, Foote a témoigné devant la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants, déclarant aux législateurs que les groupes de la société civile haïtienne sont prêts à reconstruire les institutions politiques d'Haïti, mais que les Haïtiens sont peu susceptibles d'accepter une voie qui inclut Henry.

Compte tenu du vide constitutionnel en Haïti, l'avenir politique du pays dépend de larges accords entre la société civile et les acteurs politiques afin de créer une voie à suivre pour reconstruire les institutions politiques de base.

Foote et de nombreux autres observateurs d'Haïti considèrent que l'accord Montana est une solution viable, même si elle n'est pas sans obstacles.

L'accord de Montana prévoit  un conseil de transition pour reconstruire les institutions,  incluant de nombreux acteurs de la société civile et des acteurs politiques, mais excluant ceux qui ont des liens clairs avec les gangs criminels et les secteurs du parti au pouvoir qui soutiennent Henry.

M. Henry, qui n'a pas encore annoncé de date officielle pour les élections, a proposé son accord politique concurrent.

"La plus grande erreur que fait l'administration en ce moment est qu'elle exige une solution unanime en Haïti. Elle exige que tout le monde fusionne ses accords, y compris - et elle a été explicite à ce sujet - l'accord d'Ariel Henry", a déclaré Foote à The Hill.

Le témoignage de Foote a été salué par les principaux démocrates de la commission, dont le président, le représentant Gregory Meeks (N.Y.), le représentant Andy Levin (Mich.) et le représentant Juan Vargas (Californie).

Ces membres n'ont pas hésité à critiquer le traitement réservé par l'administration Biden aux Haïtiens de Del Rio.

"Je dois dire que j'ai été horrifié par ce que j'ai vu notre pays faire aux migrants haïtiens, aux immigrants qui sont arrivés à Del Rio, au Texas", a déclaré M. Vargas.

"J'ai trouvé que c'était une terrible réaction excessive de la part de l'administration, et franchement, je ne vois pas d'autre façon de décrire cela que le racisme", a-t-il ajouté

Les observateurs politiques ont assisté, déconcertés, au sabordage par l'administration Biden de ses relations avec la diaspora haïtienne. Avant l'incident de Del Rio, Biden avait marqué des points avec cette démographie en élargissant le programme de statut de protection temporaire, permettant à tous les Haïtiens présents aux États-Unis avant le 29 juillet de rester et de travailler dans le pays.

Cette mesure a permis de protéger plus de 150 000 Haïtiens de l'expulsion et de réduire la pression potentielle sur le pays des Caraïbes, qui n'a démontré que peu ou pas de capacité à rapatrier sa diaspora

Le fossé entre l'administration et les communautés haïtiennes pourrait avoir des conséquences électorales, notamment en Floride, où une grande partie de la communauté haïtienne américaine s'est installée.

Ce fossé s'élargit également au fur et à mesure que les expulsions de l'administration continuent d'exercer une pression sur les maigres, voire inexistants, services humanitaires d'Haïti, perturbant davantage le potentiel de solution politique dans le pays.

"Haïti commence à ressembler à des endroits comme la Somalie, sauf qu'il n'y a pas d'[extrémisme] religieux", a déclaré Foote. 

"Le contrôle exercé par les gangs sur Haïti à Port-au-Prince rivalise avec le contrôle exercé par [le groupe insurgé islamiste al-] Shabaab sur une grande partie de la Somalie", a-t-il ajouté.

Source : The Hill

Complicité ou naïveté ? Les intellectuels et le naufrage de la nation haïtienne

Me Serge H. Moïse

Nos grands diplômés qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez et qui se targuent d’être des super-intellectuels, n’ont pas fini d’enfoncer notre pauvre nation, dans des profondeurs abyssales, à la satisfaction de nos ennemis de toujours.

Sont-ils vraiment naïfs à ce point, ou délibérément complices de ce jeu macabre qui fait la honte de toute la nation et la maintient depuis si longtemps dans cette situation abjecte, occasionnant les souffrances les plus atroces à toute une population, sans se rendre compte qu’ils sont partie prenante d’une forme insidieuse de génocide ni plus ni moins.

Ils parlent de tout, sauf des causes profondes de cette horrible situation et avec une légèreté déconcertante. Ils semblent vouloir s’attaquer simplement aux symptômes, avec l’illusion que ce faisant, les causes disparaîtront par elles-mêmes.

Aberration s’il en est et qui ne fait pas l’objet de débats sérieux. Évidemment, puisqu’ils ont d’autres chats à fouetter.

Ceux-là qui s’agitent le plus à soulever tellement de vagues, les célébrités d’hier et d’aujourd’hui, ont-ils vraiment à cœur les intérêts supérieurs de la nation ou comme à l’accoutumée, s’agit-il pour eux d’exiger à leur tour, leur participation effective, à ce cirque séculaire?

Encore une fois, nous n’avons nullement la sotte prétention de faire la leçon à qui que soit, ce qui ne nous empêche pas de questionner certains comportements qui nous paraissent vraiment bizarres.

« Seule l’éducation peut sauver le pays » C’est le crédo à la mode, en faisant semblant d’oublier que « science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Éducation, oui, mais pas celle qui a fait de nous les acculturés que nous sommes.

Demandons à tous ceux qui ont dû abandonner le pays s’ils l’ont fait dans le seul et unique but de parfaire leur éducation. Si oui, pourquoi ne sont-ils pas retournés mettre leurs connaissances pointues au service de la mère patrie?

Si la scolarisation garantissait le progrès et s’il est vrai que les compatriotes les mieux « éduqués » se retrouvent dans la diaspora, alors comment expliquer que cette diaspora ne soit pas la communauté visible la plus solidaire et la mieux organisée?

Nous pourrions nous étendre en longueur et poser d’innombrables autres questions du genre, mais à quoi bon, puisque ce serait tourner le fer dans la plaie que nous feignons d’ignorer et sans succès d’ailleurs.

Rappelons, pour l’histoire et la vérité que récemment Cuba a formé huit cents (800) jeunes médecins haïtiens. Ces derniers sont tous revenus au pays et en très peu de temps, six cents (600) d’entre eux ont dû abandonner la barque, faute de pouvoir gagner honnêtement leur vie en pratiquant leur profession.

Or Haïti manque autant de médecins que de professeurs. La raison est très simple, soixante dix pour cent (70%) de la population est en chômage, les éventuels patients n’ont pas la capacité de payer les soins de santé et, comme il faut vivre, vite un visa! On n’a pas le choix car, il faut un minimum de bien-être pour pratiquer la vertu, disait St-Thomas d’Aquin.

Nos très chers intellos qui refusent ou sont incapables de repenser le substrat idéologique de l’enseignement à diffuser aux générations montantes et qui veulent simplement perpétuer ce qui s’est toujours pratiqué, confondent leurs petites personnes avec la réalité de l’arrière pays, dont ils sont, pour la plupart, les ressortissants sur lesquels la population aurait dû pouvoir compter.

Hélas, tel n’est pas le cas!

Imaginons Carlo Dorléans Juste, Vély Leroy, Dr Jean-Claude Fouron, Carl Prézeau, Édouard Laurent, Gérard V. Étienne, Émile Olivier, Dr Claude Jean-François, Dr Yvette Bonny, Dr René Thomas, Dr Etzer Dorsainvil, Alfred Dorlette, Dr Hugues St-Fort, Aga Jean-Baptiste le percussionniste, Léopold Molière dit YoYo, Eddy Prophète le virtuose du piano, Toto Toussaint, Dr Samuel Pierre, Dr Louis-Charles Levros, Georges Anglade, Dr Dumas Maugile, Monica Ricourt, le professeur et poète Roland Morisseau, Me Michel Coulanges, l’honorable député Emmanuel Dubourg, l’honorable député Frantz Benjamin, l’honorable député Dr Lionel Carmant, Mme la ministre Dominique Anglade, Jean-Ernest Pierre, Maguy Métellus, Me Tamara Thermitus, Me Isabelle Charles, Régine Laurent, Alexandra Philoctète, Viviane Barbot, Yannick Rouzier, Eddy Cavé, Jean-Claude Icart, Kettly Beauregard, Frantz Voltaire, Dr Marie-Françoise Megie, Vladimir Jeanty, Robert Berrouët-Oriol, Max Dorismond, Dr Jean Fils-Aimé, Lemarec Destin, Anthony Phelps, Nono Lamy, Joe Trouillot, Kesnel Hall, Pierre-Michel Ménard, Marie-Josée Lord, Yama Laurent, Carl Fombrun, Jean-Bernard Bayard, Serge Bouchereau et combien d’autres, aussi bien aux États-Unis qu’ailleurs, qui évolueraient dans l’espace réduit de nos vingt-sept mille kilomètres carrés, n’offrant pas le cadre approprié au développement et à l’épanouissement de leurs talents.

On n’aurait jamais entendu parler d’eux, sauf après leur mort, histoire de nous donner bonne conscience.

La liste est énumérative et non exhaustive. Tout ceci pour souligner que l’éducation à elle seule ne saurait être une panacée susceptible de guérir tous les maux.

Il faut donc mettre en place un cadre global qui tienne compte des potentialités et des spécificités propres au pays. Nos spécialistes en gouvernance devraient tous le savoir. Et ce cadre devient possible à partir de la volonté de tous et de chacun d’une part et d’un profond sentiment d’appartenance à l’alma mater d’autre part.

La réforme judiciaire qui s’avère un paradigme incontournable du développement durable, personne n’en parle, quant à la création d’emplois, c’est l’affaire des goujats, pas des intellectuels!

Les Haïtiens, nos sœurs et frères crèvent littéralement de maladies et de faim, victimes de l’insécurité maintenue à dessein. Nous sommes à toutes fins pratiques, l’arrière cour de la République Dominicaine et pour nos intellos, ce n’est pas bien grave puisque dans dix ans ou plus, le pays comptera des milliers de diplômés, ces derniers auront amplement le temps de tout rebâtir à coup de technologies modernes. Entre temps ceux qui souffrent et qui meurent, c’est simplement le prix à payer en termes mathématiques. Faut-il donc rappeler à ces grands esprits que les besoins primaires non satisfaits conduisent à la criminalité de manière inexorable.

De plus, embrigader des coopérants ou missionnaires, les former et les installer dans les colonies pour manipuler le mode de penser des colonisés coûtent très cher, donc recruter au sein même de ces derniers, les plus futés, l’équivalent des commandeurs d’autrefois, pour accomplir ce singulier boulot s’avère moins onéreux et beaucoup plus pratique. Soyez donc prudents mesdames et messieurs les « éducateurs » afin de ne pas être des « collabos » à votre insu.

Dans cette conjoncture, pour le moins abjecte et nauséabonde, le silence des uns et des autres devient : laideur, lâcheté et apatridie.

Autre questionnement qui nous paraît fondamental, les grands esprits d’aujourd’hui, les titans de l’intellectualité seraient-ils mal outillés pour se colleter à l’épineux problème du chômage au pays qui demeure, répétons-le, « la priorité des priorités ». Comme quoi leurs diplômes ne leur serviraient donc qu’à répéter, c’est-à-dire transmettre le savoir de l’ancien colon et non le savoir-faire en adéquation avec les spécificités haïtiennes.

Éducation : oui! Acculturation et/ou Dressage : mille fois non!

En conclusion, prenons garde de ne former des dizaines, des centaines, sinon des milliers de « PhD », Perroquets-Hâbleurs-Délirants, des soi-disant doctes dans tous les domaines qui viendront au fil des ans gonfler les rangs de la diaspora, faisant ainsi le jeu de l’étranger au détriment de la mère patrie qui en a assez bavé de cette macabre pratique.

Dr Volvick Rémy Joseph, médecin de son état, doublé d’une solide formation en sciences juridiques, homme d’une vaste expérience et d’une grande sagesse nous l’a pourtant répété à maintes reprises : « Le développement d’Haïti sera endogène ou il ne sera pas ».

Me Serge H. Moïse av.


Thursday, January 6, 2022

Haiti Connexion Culture pleure Wilfrid Casimir et le héros Manuel

Wilfrid Casimir (Manuel)
L'acteur principal du film Gouverneurs de la rosée

Par Herve Gilbert 

Wilfrid Casimir, l'acteur qui a joué le rôle de Manuel dans le film révolutionnaire “ Gouverneurs de la rosée” est décédé ce mercredi 5 janvier à  76 ans.  Ce film est  une adaptation cinématographique du célèbre roman de Jacques Roumain qui a été traduit dans plusieurs langues. Il est considéré comme un classique de la littérature haïtienne. 

Manuel (1974) 

Gouverneurs de la rosée est une grande œuvre littéraire qui met en scène la merveilleuse aventure vécue par une petite communauté rurale d'Haïti en proie à une grave pénurie d’eau potable, Un récit  axé autour du slogan  PAIX ET RÉCONCILIATION qui peut seul mobiliser  aujourd’hui les forces vives de la Nation pour l'aider à sortir du gouffre où elle se meurt. Si nous sommes unis, nous serons plus forts et nous vaincrons.. Voilà  ce qui devrait être le mot d'ordre du jour.  Manuel, le principal héros du film, a été, aux côtés de la ravissante Jessy Alphonse (Annaïse), un véritable  catalyseur du changement.  Les autres acteurs et personnages: Frido (Manuel), Dieudonné Pomero (Bienaimé), Sylvie Auguste (Délira), Languichatte Debordus (Le Simidor), Serge François (Gervilen), Rassoul Labuchin (Laurélien), Luc Larose (Larivoire) ont bien joué leur partition et ils ont droit à toute notre affection. 

Après de longues années passées dans l’enseignement des arts plastiques et une carrière complète au ministère haïtien du Tourisme,  Wilfrid Casimir a laissé ce monde sur la pointe des pieds. Il n’a donc pas eu le temps de voir d’autres Manuel prendre son rôle  de pionnier dans la difficile recherche d'une source d’eau et de vie. Il  demeure un exemple à suivre dans la difficile construction de l'Haïti de demain.

Que son âme repose en paix!

Le lien qui suit permet de voir et de revoir ce grand classique de la production littéraire haïtienne. Produit avec les moyens extrêmement limités de son époque, ce film a pavé la voie au modeste cinéma haïtien qui a produit la grande Gessica Généus en 2021.

Herve Gilbert 


Monday, January 3, 2022

Les Personnalités de l'année 2021

Les personnalités de l'année 2021 selon HCN

Haïti Connexion a créé depuis des années une tradition qui consiste à choisir des personnalités de l’année selon des critères de popularité, d’action, de réalisation ou de charisme.  Cette initiative a été depuis reproduite par d’autres agences de presse. Les choix des personnalités, par endroits très médiatisés, sont inspirés des événements qui ont marqué l’actualité, dans le bon comme dans le mauvais sens. C'est à vous de juger.  Les personnalités retenues par HCC pour 2021 sont : 

Le Président Joe Biden :

Président Joe Biden

Après le départ du président controversé Donald Trump, qui avait incité ses partisans à marcher vers le bâtiment du Capitole moins d’une heure avant qu’ils n'envahissent les lieux,  le choix de Joe Biden paraissait être l’option la plus logique  à l’anarchie et au choc causés par un président qui s’apprêtait à violer la constitution du pays.   Il paraît aujourd’hui que l’actuel locataire de la maison Blanche est un  président complètement différent de l’homme qui s’était présenté comme candidat aux dernières présidentielles.  Le contraste est tellement choquant qu’on  croit revivre maintenant  les pires périodes du totalitarisme et du maccarthysme. On ne reconnaît plus ce président qui accumule défaites sur défaites.   Du chaos en Afghanistan, une quatrième vague d’une pandémie sur laquelle s’est greffée une inflation galopante. Un an seulement après son arrivée au pouvoir, la cote de popularité du président démocrate est à son plus bas niveau et elle continue de déringoler.

Par ses maladresses, le président Joe Biden a permis de voir le Parti démocrate sous son vrai jour. La façon dont il a géré les dossiers politiques, en particulier la pandémie, n’a fait que décrédibiliser le Parti.  À cause de son approche totalitaire et des gaffes omniprésentes dans ses discours, le président s’est affaibli dans son propre camp, déjà divisé au sein du Congrès.  Il a fait des déçus et on ne oit pas comment il va remonter la côte. 

Feu Président Jovenel Moise :

Feu Président Jovenel Moïse

Alors que tout a été programmé, manigancé et planifié par les divers secteurs de l’opposition et une frange de la population manipulée par les mêmes mafieux, le pays a sombré dans la désolation après ce crime odieux resté jusqu’ici, après six mois, un vrai mystère. L’enquête se poursuit toujours…   Quelques mois avant l’assassinat, accusé de tous les péchés du siècle, le président semblait être le plus décrié de notre histoire.. À écouter les émissions et lignes ouvertes quotidiennes, on a parfois l’impression que l’homme qui était la cible à abattre n’est pas celui qui l’a été. Il semblerait même qu’on s’était trompé de personne.  L’insécurité continue à battre son plein, le kidnapping a repris de plus belle et, par-dessus le marché, le coût de la vie ne cesse d’augmenter.   Pour certains, Jovenel représentait la continuité d’un régime vilipendé, tandis que, pour d’autres, il était celui qui incarnait le passage d’une structure d’apartheid vers une société plus égalitaire et plus inclusive.  

De l'avis de Martine Moïse, le président a été tué à cause des projets qui visaient à changer les conditions de vie des plus faibles : électricité 24 heures sur 24, infrastructures routières, eau potable etc… Si les assassins ne sont pas encore jugés, le peuple réveillé de son long sommeil a, quant à lui, déjà prononcé son verdict!  Le défunt président aura réalisé tout un exploit en mettant à nu les vrais obstacles au développement d’Haïti pour l’édification de son peuple.

Voici ce que l’agence de renommée planétaire Associated Press a écrit dans sa rubrique L’Adieu Final : «Se souvenir des personnes influentes mortes en 2021 : Jovenel Moïse, 53 ans. Le président haïtien fut un producteur de bananes et un politicien néophyte qui avait siégé pour plus de 4 ans quand le pays devint de plus en plus instable. Assassiné, le 7 juillet [2021] ».

Samuel Pierre :

Dr Samuel Pierre

S’il existe une personnalité qui mérite une reconnaissance particulière pour ses réalisations dans le domaine de l’éducation au niveau des sciences et de la technologie, c’est bien le Dr Samuel Pierre.  Le Dr Pierre a fondé l’Institut des sciences, des technologies et des études avancées d’Haïti (ISTEAH), un établissement universitaire créé par le GRAHN en 2013.  Cet institut est présent dans six villes d’Haïti et forme des ressources humaines de haut niveau pour le pays (diplôme d’études supérieures spécialisées, maîtrise, doctorat).  Il a développé un pôle du savoir en pleine zone rurale.  Le but est de fournir une formation scientifique de qualité aux cycles supérieurs dans un pays qui manque de ressources essentielles.  Selon le Dr Pierre, « on ne peut espérer rebâtir un pays si on ne rebâtit pas sa tête ».  Dr Pierre contribue à donner à la population haïtienne l’accès à une véritable éducation.

Ce professeur titulaire du Département de génie informatique et de génie logiciel a reçu la médaille d’or pour ses réalisations professionnelles le 28 juin 2021. Un prix qui reconnaît les réalisations exceptionnelles d’un ingénieur dont le travail et l’implication ont amélioré la qualité de vie de celles et de ceux ceux qui vivent au Québec, au Canada et à l’étranger. En tant que lauréat, le professeur Pierre a également obtenu le titre de Fellow of Engineers Canada.

Le prix susmentionné a été décerné pour la première fois en 1972. Le professeur Pierre  en est le 49e récipiendaire et le premier professeur de Polytechnique Montréal à le recevoir, ce, en raison de ses réalisations professionnelles impressionnantes et de son implication sociale. 

Raoul Peck :  

Raoul Peck

Le cinéaste Raoul Peck a produit une nouvelle série documentaire pour HBO intitulée Exterminate all the Brute  ou « Exterminer toutes les Brutes ».   Le film est en partie un essai personnel et en partie une enquête sous forme de série documentaire. C’est aussi une œuvre de non-fiction remarquable qui a la rigueur intellectuelle d’un récit historique soulignant les nombreuses idées et horreurs de la colonisation.  En d’autres termes, Raoul Peck fait une leçon d’histoire au monde en reconstituant ce passé enfoui sous des centaines d’années de colonialisme.  Dans ce film, Peck révèle un grand nombre de vérités inconfortables qu’on n’a jamais le courage de dénoncer. Le film est aussi une forme de lutte contre le révisionnisme historique.

Les critiques du Washington Post donnent à penser que le cinéaste n’a pas caché son indignation, notant que l’humanité n’a pas appris de son passé.  Peck souligne les liens entre les idéologies et leurs conséquences, en particulier la façon dont l’acte de voler des terres et des ressources à des ennemis (propriétaires de territoires) était perçu comme une sorte de droit donné par Dieu, dicté par la couleur de la peau et les origines du voleur. La docusérie n’a pas épargné Donald Trump ni le fascisme. Elle fait ressortir la brutalité des dirigeants américains à travers les âges, en commençant à l’époque où ce pays était encore une colonie. La façon dont le gouvernement traitait les peuples autochtones à l’époque façonne encore celle dont les militaires américains traitent aujourd’hui les ennemis perçus à l’étranger.  On peut visionner le film sur HBO et sur Hulu. 

Dr. Anthony Fauci :

Dr Anthony Fauci

Le Dr Anthony Fauci est directeur du NIAID depuis 1984. Il fait partie du groupe de travail sur le coronavirus de l’administration Biden et est largement considéré comme l’un des responsables médicaux les plus « fiables » aux États-Unis par certains, comme on le constate dans les médias. Il a été conseiller de tous les présidents américains depuis Ronald Reagan. Dans certains milieux, il est connu aussi comme une personnalité problématique. Pourtant, c’est lui qui décide des stratégies de vaccination en masse et qui autorise les protocoles de traitement du COVID dans le monde entier.  Donc, l’homme est investi d’un pouvoir immense, car c’est quasiment la vie de toute la planète qui repose sur ses seules décisions.  Cela semble marcher pour certains, mais comporte un certain prix.  Il est à voir jusqu’où ira la lune de miel avec le fameux médecin, puisqu’il ne cesse de faire des déclarations contradictoires sur les effets de la vaccination. 

 Le Dr Fauci est choisi comme personnalité de l’année parce qu’il est parvenu à gagner la confiance des peuples sous le slogan « Trust the science ». En dépit du caractère  expérimental de ce vaccin obscur et incertain dont les ingrédients et les données fondamentales demeurent encore secrets. 

Pour aider à comprendre les nombreuses contradictions du Dr. Fauci, mentionnons qu’il nous dit tantôt le vaccin protège à 95%, tantôt que les vaccinés n’ont pas besoin de masques, tantôt que les vaccinés sont protégés contre tous les variants. Tantôt aussi que la science a changé et que l’immunité ne dure que six mois, tantôt les vaccinés peuvent propager et transmettre le virus et qu’ils sont des «superspreaders ».  En dépit de tout cela, les fans du Dr Fauci font la queue pour la troisième dose. Papa Fauci est là pour protéger son troupeau.  

 Il s’avère maintenant que les boosters  (vaccins de rappel) seront dorénavant réguliers, soit annuels soit semestriels ou trimestriels.   L’homme qui peut inspirer la peur et porter des populations du monde entier à se faire inoculer sans aucune crainte est super puissant.  Espérons que la bête annoncée par Macron ne fera pas basculer le monde. Il y aura toujours un Dieu pour les orphelins.

Robert F. Kennedy :

Robert Kennedy Jr

Robert Kennedy Jr est à la tête du mouvement mondial anti-vaccin qui fait les gros titres, non pas parce qu’il est le fils de l’ancien président Robert F. Kennedy, mais pour avoir dirigé le débrayage mondial contre les mandats de vaccination contre le covid.  Le mouvement a commencé le 3 novembre 2021 avec la participation de 200 villes à des rassemblements nationaux et internationaux. En tant que président du Children’s Health Defense Board et qu’avocat principal, Kennedy proteste contre l’industrie pharmaceutique et le « piétinement des droits des citoyens » par cette dernière.

Robert F. Kennedy est un personnage courageux et un combattant pour la vérité sur les vaccins.  Il est considéré comme un anti-vax, à tort ou à raison, mais il est avant tout contre la passe sanitaire et les vaccins mRNA expérimentaux, position adoptée à partir des informations obtenues dans ses diverses recherches.  M. Kennedy agit en qualité de défenseurs des droits humains et, à l’instar de plusieurs médecins et virologues du monde entier qui partagent ses idées, il a pris le taureau par les cornes pour dénoncer ce que beaucoup de médecins et de scientifiques qualifient de génocide mondial.  

Les médias ont dépeint M. Kennedy non pas comme un défenseur des droits du citoyen, mais comme un anti-vax encombrant.  Ses comptes Facebook et Instagram ont été bloqués à cause de ses dénonciations de la tyrannie qui avance à grands pas dans le monde entier.  On l’a remarqué dans les mouvements de protestation en Europe, en particulier à Milan où il s’est solidarisé avec le peuple italien.

Kennedy a décrit le Dr Anthony Fauci, directeur des National Institutes of Health (NIH) comme « un échec abject » qui profite personnellement de la promotion des vaccins.  Il a affirmé clairement que les vaccins Pfizer et Moderna sont dangereux. Les médias l’ont qualifié de conspirationniste même quand des scientifiques et des médecins s’allient avec lui. 

Gessica Geneus :

Gessica Geneus

Gessica Généus est une jeune actrice et cinéaste en herbe qui vient de lancer son nouveau film « Freda » au festival de Cannes. Il s’agit du premier film haitien présenté à Cannes depuis 1993, avec surtout une mention spéciale.  « Freda »  a déjà obtenu un prix au Festival  panafricain du cinéma et de la télévision.  C’est le deuxième film qui sera soumis à l’Academy Award pour le prix du meilleur film international.  Le célèbre metteur en scène et directeur Francis Ford Coppola s’est associé à ce projet après avoir visionné ce film et qui, selon lui, montre un visage authentique de la situation haïtienne. 

 Le film retrace le vécu de Gessica qui a grandi dans un quartier défavorisé de Port-au-Prince. Il a été tourné dans la Capitale en 2018, durant les manifestations contre la dilapidation des fonds PetroCaribe par les dirigeants d’alors. Contrairement aux stipulations de ce programme, ces derniers n’ont rien investi dans les programmes sociaux. Parmi les séquences les plus intéressantes du film, on notera les échanges de vues de Freda avec ses camarades sur l’utilité de ces manifestations et sur l’héritage du colonialisme. 

Gessica a étudié la cinématographie en France et Freda est l’une de ses grandes réalisations.  

Ariel Henri : 

Dr Ariel Henri

 Après l’assassinat  de Jovenel Moïse, premier président en exercice tué depuis Vilbrun Guillaume Sam, le Premier Ministre nommé par lui juste avant sa mort, Ariel Henri, semblait être le choix le plus logique et le plus légitime.Considéré comme un des crimes les plus odieux de l’histoire d’Haïti, ce meurtre provoqua une indignation sans pareille dans l’opinion. Quel n’a pas été l’étonnement de tous lorsque la compagnie DIGICEL confirma que le Premier Ministre avait eu plusieurs  conversations durant la nuit du crime avec l’un des présumés assassins du président, le nommé Joseph Badio. 

Peu de temps après, le PM remplaçait tous les détenteurs des postes susceptibles de faire avancer l’enquête, notamment le ministre de la Justice et le Commissaire du gouvernement de Port-au-Prince. Comme si cela ne suffisait pas pour éveiller de légitimes soupçons , la population continua à vaquer à ses occupations, observant la conjoncture politique avec un regard passif.  Ce qui signifie que dans ce pays appelé Haïti, tout est possible pourvu que le CORE Group ne s’en plaigne pas.

Le Premier Ministre en mission commandée demeure le chef de l’État, le chef du gouvernement et en fin de compte le chef de rien du tout.  Malgré tous les soupçons qui pèsent sur lui, il n’y a pas eu et il n’y aura  certainement pas de peyi lòk  comme on l’a vu contre le président assassiné, vu que l’opposition ou l’opposition des VILAINS de 2021 (avec ses moutons de Panurge) voit – singulièrement –  les choses autrement.  Qui vivra verra !

Eddy Cavé :

Eddy Cavé

Il est aussi de coutume en fin d’année pour le réseau Haiti Connexion Network (HCN) de choisir en son sein une personnalité qui s’est distinguée tant par ses efforts personnels, ses talents littéraires, sa prolificité.  Cette année, nous avons le plaisir d’honorer notre collaborateur de longue date Eddy Cavé au vu des critères précités. Malgré ses multiples occupations, Eddy trouve toujours le temps de publier dans les colonnes de HCN, souvent en primeur, ses textes d’une rare élégance traitant de sujets divers. Voici ce qu’une admiratrice a dit de notre Eddy : « Tu n’as pas changé, Eddy, contente de te voir. À quand le nouveau livre ? » En effet, Eddy est un collaborateur loyal et assidu qui n’a pas changé depuis le début dans ses rapports avec  ses amis et HCN. Il est écrivain et auteur de plusieurs publications

Voilà donc notre monde pour l’année 2021 ! Dans un monde si controversé, il aurait fallu un article fleuve pour passer en revue l’année 2021 avec tous ses personnages, controversés ou universellement applaudis, qui ont,  d’une manière ou d’une autre, eu un impact sur nos vies.

En outre, il y a celles et ceux qui, dans les coulisses de l’anonymat, loin des feux de la rampe, pensent peut-être « qu’on peut être célèbre à travers son anonymat». Ils ont parfois raison. Nous savons que, parmi ceux-là, il y a des enfants qui ne peuvent pas affirmer leur célébrité à cause de leur jeune âge. Nous voulons être leur porte-parole en déployant ici même, aux yeux du monde entier, leurs talents et leurs réalisations. C’est ainsi que nous avons choisi un groupe d’enfants qui ont fait valoir leurs talents d’une manière spéciale pour exprimer au monde un souhait de Joyeux Noël. Cette performance (lien ci-dessous) a fait le tour de la toile haïtienne et nous est parvenue grâce à une courtoisie de Jean Rico Louis, un membre de notre Think Tank,  le Groupe de Réflexion de HC sur WhatsApp.

Voyez donc en bas comment le talent peut s’exprimer chez les enfants sous n’importe quelle forme et dans n’importe quelle couche sociale malgré les vicissitudes de leur vie !

Sur ces notes de voix enfantines, toute l’équipe de Haiti Connexion Network et Radio Francophonie Connexion souhaitent une bonne et heureuse année 2022 à vous toutes et à tous ! À la prochaine. Les choix ci-dessus ont été recommandés par quelques membres de notre Comité de rédaction à qui nous disons merci.

HCN