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Tuesday, November 13, 2018

Pourquoi solliciter l’aide de Tarzan dans l’enquête Petro Caribe ?




Par Max Dorismond
 





La version audible est disponible en cliquant  sur le  player ou sur le lien suivant:  

Pour gagner du temps, les spécialistes des simulacres ont trouvé à la dérobade une porte de sortie de secours pour endormir le peuple, la véritable victime de la casse du siècle, en proposant de faire venir des étrangers pour retracer l’argent de Petro Caribe.

Je comprends assez bien que, quand quelqu’un est aux abois, il tient à s’accrocher  à toutes les branches pour éviter la noyade. Je n’en disconviens pas. Mais, je tiens à donner ce conseil à ces manipulateurs d’avoir une once de dignité, devant le peloton d’exécution, en n’allant pas jusqu’à implorer le pardon de leur bourreau. C’est une métaphore  assez  symbolique pour calmer certains esprits suicidaires.

De toute façon, vous êtes complices de tous les bandits légaux. Laissez à l’histoire l’occasion d’ennoblir, pour l’éternité, vos dernières secondes de souffle. Donc, conservez intacte votre dignité d’homme en ne commettant pas l’irréparable, pour l’amour de cette jeunesse bafouée jusqu’à la moelle, de ces jeunes hommes, dont Aimé Césaire retient : « qu’on leur a inculqué savamment la peur, le complexe d’infériorité, le tremblement, l’agenouillement, le désespoir, … ». Vous avez failli à votre mission, par la désarticulation de votre subconscient, la dérivation impropre de votre patriotisme. N’empirez pas votre cas en jouant aux  irresponsables. C’est vous que l’histoire jugera. Mais Haïti survivra.

Le blanc se souvient encore de cette raclée
Nous avions flanqué une bonne leçon à l’homme blanc. Par conséquent, sa supériorité ne fut  qu’un leurre. Nous avons détruit son satané mythe en dégonflant le ballon. Il s’était présenté à nos ancêtres comme le Dieu suprême, ou le fils de Dieu. De haute lutte, nos fiers ancêtres s’étaient libérés des ces pittbulls. Et puis, nous leurs héritiers, nous les appellerions à notre secours pour un oui, ou pour un non! Un peu de décence, messieurs! Cessons d’évoluer avec cette culture du fatalisme, de la crainte de l’échec. Qu’avons-nous tiré de ces appels d’urgence dans le passé, à part une flopée d’ONG suivis des requins internationaux, venus partager les carcasses du cadavre.

Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans le cerveau de mes frères. Je comprends. Vous êtes acculés. Vous êtes haïs. Mais, de grâce, réfléchissez. Pensez à notre célèbre président Nord Alexis, qui a mis en branle le procès de la Consolidation. Utilisez les forces vives de la nation. Elles peuvent résoudre ce petit cas en braquant leurs projecteurs sur  les traces de Petro Caribe, en interpelant d’abord les compagnies exécutrices, ensuite les donneurs d’ouvrage et, en dernier lieu, le payeur. L’affaire serait ketchup1.

Haïti foisonne de vérificatrices et vérificateurs chevronnés
Parlant en connaissance de cause, résultant de ma carrière de vérificateur professionnel des grandes compagnies pour le compte des gouvernements fédéral et provinciaux du Canada, (Banque Fédérale de développement – 2 ans), (Ministère du Revenu du Québec – 30 ans), je sais bien que Haïti n’a point besoin de chercher trop loin pour trouver des spécialistes en ce domaine pour éclairer ses pas. Au Québec, des gestionnaires ou vérificateurs financiers, d’origine haïtienne, ont été utilisés dans la dernière et célèbre  « Commission Charbonneau ». Ils ont contribué à l’emprisonnement du Maire de la Ville de Laval et bien d’autres célébrités de la belle province. Deux de nos compatriotes figuraient dans le lot des fouineurs.

En effet, à l’Université ou dans les bureaux des gouvernements ou des entreprises, j’ai eu l’occasion d’étudier, de travailler, de collaborer avec ces compatriotes hors pairs qui ont brillé de tous leurs feux au firmament de ces institutions. Plusieurs sont à la retraite et certains d’entre eux profitent d’une seconde carrière actuellement en Haïti où vit plus d’une dizaine. Alors, pourquoi appeler l’étranger à la rescousse. Et le coté comique de l’histoire, plusieurs de ces futurs « sauveteurs »  ont sans doute été formés ou entraînés par nous, qui étions leurs mentors.

Ces congénères enquêteurs connaissent bien les détours scabreux de l’argent détourné pour éluder l’impôt gouvernemental, avec la formation continue qu’ils ont reçue tout au long de leur carrière. Expert-comptable, juricomptable, jurifisc, CA ou CPA, CGA, CMA ou RIA2, tous les titres de cette profession leur sont familiers. Certains ont été envoyés en mission fiscale jusqu’en Afrique à titre de formateurs ou enquêteurs. Aucun secret du métier ne leur est étranger. Ils ont « frappé leur corne » avec pire que les Petro Cari-beurres d’Haïti.  Pensons aux blanchiments d’argent orchestrés par la mafia internationale. Ils en ont vu de toutes les couleurs dans l’histoire de la fuite des capitaux.

Pour suivre la trace de l’argent, hier, on était obligé de mettre une loupe et de la patience dans les journaux comptables pour découvrir le magot éludé par d’habiles montages financiers. Ce qui occasionnait un temps fou dans les fils d’Ariane de la compagnie mère et ses satellites.  Aujourd’hui, des logiciels informatiques perfectionnés, venus à notre rescousse, nous facilitent la tâche et la décision finale s’avère implacable et incontestable devant les tribunaux. Avant mon départ à la retraite, on utilisait le logiciel « Accès » pour l’industrie de la construction et du carburant, fiefs du crime organisé. Aujourd’hui, il en existe de plus en plus sophistiqués pour toutes les entreprises majeures.

Enquête selon la Technique de l’Avoir Net ou l’indice de richesse (TANIR)
À titre d’exemple, si on a le malheur d’appliquer, en Haïti, « la Technique de l’Avoir Net et l’Indice de richesse », les ¾ du pays seraient en prison. Elle est utilisée partout dans le monde. Elle se base sur le bilan d’entrée et le bilan de sortie de tous fonctionnaires de l’État, du président au dernier messager.  On l’emploie, en l’absence de toute documentation, dans l’enquête sur les mafiosis, les vendeurs de drogue, les corrompus de tout poil, les voleurs de tout acabit, les doigts trop longs etc… Elle a, pour soupape, le visuel, et, aussi la dénonciation du public, des banquiers, du voisinage etc…

Tous les pays sont fiers des services de nos compatriotes.
Chez l’Oncle Sam, à L’IRS (Internal Revenue Service), le pendant américain du bureau de l’impôt canadien, nos compatriotes sont également légion. Leur mainmise a électrisé la profession d’enquêteurs, tant leur apport est important.  Leur remarquable présence dans toutes les institutions et dans toutes les disciplines des pays d’adoption a d’ailleurs été souligné par le gouvernement de Jean Charest, au Québec, qui n’a pas lésiné sur les félicitations pour glorifier, avec des mots choisis et gratifiants, ces québécois venus d’ailleurs (les Haïtiens) pour leur contribution à l’essor et au bonheur de la belle province.

Alors, pourquoi devrions-nous aller à l’extérieur chercher des pseudos-maîtres? Si, par malheur, vous insistez, vous tenez à cet ailleurs, malgré ces mises en garde, vous y trouverez des dizaines d’Haïtiens disponibles pour effectuer ce boulot. Ce qui prouvera à notre jeunesse qu’Haïti ne souffre plus du syndrome de Tarzan. (Voir mon article, « Haïti et le syndrome de Tarzan  »).

Lentement le pays reprend du poil de la bête.
Messieurs, respirez par le nez! Le vent a changé de direction. Hier, nous étions sous-instruits, les bourses d’études ayant été accordées aux moins méritants, et pas en grand nombre. On préférait les laisser moisir dans les bureaux des institutions au lieu de les offrir aux plus capables, sous le triste prétexte de ne pas alimenter la horde des étudiants communistes. Sauf les enfants des apparatchiks du pouvoir, les macouteaux, étaient privilégiés. Aujourd’hui, c’est l’inverse. Les bourses d’études pleuvent. Des doctorats foisonnent. Nous sommes des millions à investir les pays des blancs pour quérir tout ce que nos obscurantistes de gouvernants nous avaient refusé. Nous avons acquis de l’expérience. Nous possédons une ribambelle de professeurs émérites sur les cinq continents. Nous avons démystifié le « tarzanisme » s’il faut identifier, ainsi, cette tare. Nul ne peut se permettre de nous présenter le dieu blanc comme le docteur de tous nos maux.

D’ailleurs, voyez aujourd’hui, c’est encore cet instinct de négrillon qui demeure la cause de la prolifération de toute une racaille d’ONG, ces faux réparateurs de pays qui ont contribué au cafouillage de la CIRH (Commission Intérimaire pour la Reconstruction d’Haïti). L’international, profitant de sa promesse, souvent à double face, n’a pas hésité à nous envoyer ses « fiers-à-bras », ses hommes de main, le plus souvent ineptes et illettrés, avec un salaire mirobolant, pour venir jouer au petit colon dans les Antilles.

Saisissons la balle au bond une fois pour toutes
Messieurs, reprenez-vous! La nation demande des comptes. C’est bien vrai. Vous êtes surpris par les réclamations de ce peuple résilient jusqu’à la stupidité. Mais, gardez votre calme. Vous avez, chez-vous, tous les outils nécessaires pour faire face à l’inédit. Oubliez l’étranger. Retracer la route et la déroute de l’argent volé demeure un jeu d’enfant pour certains de vos expatriés, bardés de titres et d’expériences internationales, et non des moindres. Les sciences financières ne leur sont d’aucun secret. Ils peuvent, en chantant, « re-balancer » tout ce qui est débalancé.

Cet avertissement ne vaut pas seulement pour le gouvernement actuel. Il est de notre devoir d’avertir aussi la postérité. Notre pays a trop souffert du sauveur blanc. Veuillez offrir à votre progéniture l’occasion et la sensation de se sentir maîtresse de son destin, d’être la seule boss chez-elle, capable de regarder l’autre dans le blanc des yeux pour lui dire : « Petit blanc, va te faire voir ailleurs! ».

Max Dorismond Mx20005@yahoo.ca



Note

Note – 1 : Expression populaire québécoise signifiant que l’affaire est bien terminée.

Note – 2 : La juricomptabilité : (néologisme d'origine québécoise créé dans  les années 80, correspondant à forensic accounting pour les anglophones) est une discipline juridique récemment apparue en Amérique du Nord, consacrée à la recherche de fraude, de crimes commerciaux ou d’autres comportement illégaux, ou contraires  à l’éthique, liés à l'écriture comptable ou à la gestion des comptes3 dans les bilans comptables ou "états financiers" et les documents fiscaux, etc…

Note – 2 : Jurifisc : C’est un cabinet d'avocats fiscal offrant des services inégalés de vérification fiscale, de litige fiscal, de divulgation volontaire, d'actif et de richesse. Lorsque l'Agence de revenu du Canada (ARC) ou Revenu Québec s'annoncent pour une vérification ou commencent à demander des renseignements, il est normal pour les contribuables visés d'être craintifs. Ils auront affaire à des fonctionnaires spécialisés dont l'objectif en fin de compte est de rapporter des sous aux gouvernements. Ces fonctionnaires connaissent les lois fiscales et les règles techniques parfois trop complexes mieux que la plupart des contribuables

Note – 2 : CA : L’Ordre des comptables agréés. Il regroupait les comptables qui œuvrent principalement en comptabilité publique. C’était l’Ordre le plus connu.

Note – 2 : CGA : L’Ordre des comptables généraux licenciés, les CGA, était le second ordre en importance et regroupait des comptables qui œuvraient le plus souvent en entreprises.

Note – 2 : CMA : L’Ordre des comptables en management accrédités. Il était le troisième ordre en importance et regroupait des comptables qui œuvraient essentiellement au sein d’entreprises de fabrication

Note – 2 : CPA : Après plusieurs tentatives ratées au fil des décennies, les trois Ordres ont été unifiés sous le titre unique de CPA ou de COMPTABLES PROFESSIONNELS AGRÉÉS. L’ordre des CPA compte maintenant 39000 membres au Canada. Depuis l’unification, tous les membres de l’ordre unique des CPA, portent le titre de CPA.


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