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Wednesday, July 31, 2013

La politique de la terre brûlée

Jean Erich René
29 Juillet 2013

En Haïti en général, une mort subite est souvent  imputée au loup garou. Avec la nouvelle floraison politique  haitienne,  tout  accident cérébro-vasculaire qui terrasse un membre  des Grands Commis de l’Etat est  carrément interprété comme une pression du Pouvoir en place. Mais de tout temps, la fonction d’un juge n’a jamais été facile parce qu’il tient le maillet  et doit prendre la décision finale pour ou contre quelqu´un. Chez nous le Tribunal populaire siège parallèlement sur les ondes qui ramassent tout sans aucun tri, un Juge doit avoir un gros pecto comme  Titato et un dada aussi gros que Nirvana pour s’acquitter de sa tâche.

Selon le Monde Diplomatique du 14/12/2012, la plupart des morts provoquées par ACV ou Accident Cérébro-Vasculaire sont généralement dues par l’ingestion d’une pilule de la nature du Viagra. Vraiment je connais des victimes qui, à la recherche d’une virilité affaiblie par l’âge,  se sacrent dans le viagra, le kanpe king, le zo devan, le hum. Au décompte, si elles ne sont pas mortes, elles sont définitivement aujourd’hui clouées sur un lit. Malheureusement les observateurs mal avertis, se contentent d’opiner tout de go, sans tenir compte de l’avis des médecins légistes. Pourtant  selon la littérature médicale, un arrêt cardiaque, une embolie pulmonaire massive sans aucune assistance technique immédiate peuvent enfoncer la victime ipso facto dans le coma et provoquer sa mort subite, suite à un œdème cérébral.

Chez nous, les cancans vont bon train et les acrobates de la pensée délétère,  ces béotiens à la tête enflée, en profitent pour monter aux créneaux sans faire le lien avec cette cure de rajeunissement que suivent régulièrement les moins jeunes en vue de retrouver la bite perdue par l’usure du temps.Qui pis est, ces saloperies en vente sur les étalages de nos trottoirs sont livrées  â qui mieux mieux c’est à dire sans aucune prescription, moyennant espèces sonnantes et trébuchantes.

La hantise du sexe porte certaines personnes âgées à commettre des excès qui les conduisent tout droit au tombeau. Cependant leur mort subite donne lieu à toutes sortes de spéculations en enrichissant l`arsenal de certains hommes politiques en panne d’arguments. Avant toute accusation formelle du pouvoir en place, s’est-on donné la peine, en pareille circonstance,  d’écouter l’avis d’un médecin légiste, le seul qui soit théoriquement outillé pour expliquer une mort suspecte, grâce à son bistouri et son scalpel, au lieu de prêter oreilles aux analyses farfelues, cousues de fil blanc de ces radoteurs professionnels sans  aucune lecture ni écriture, dénués de toute science et conscience.

L’autopsie du cadavre est la seule révélatrice des causes du décès. Pour remonter les filières, il faudrait d`abord : 

- prendre lecture du pedigree de la victime en se renseignant auprès de son médecin de famille afin  d’être au courant de ses antécédents médicaux

- s’informer de la liste de médicaments qu’elle absorbait afin de mieux évaluer les effets secondaires relatifs à un  ACV ;

Scanner cérébral montrant une hémorragie intracérébrale

 
Une analyse d’hypercoagulabilité sanguine a-t-elle déjà été effectuée avant de porter des accusations aussi graves ? Combien d’entre nous dont le cœur bat plus vite que d’ordinaire, s’essoufflent en remontant un escalier,  se donnent la peine de consulter un médecin pour faire un électrocardiogramme, un bilan sanguin,  vérifier les D-dimères marqueurs de thromboembolie et prendre connaissance de notre bulletin de santé.
Les Haïtiens et les Haïtiennes  pensent qu’ils sont toujours ingambes et ne se déclarent  malades que quand ils sont tombés.  Là encore, ils pointent du doigt un papillon qui tournoyait dans la maison la nuit dernière ou une chouette qui  sifflait en traversant le toit de la maison en osant même l’identifier par un nom de personne, grâce à leur romantisme coutumier, ou pis encore en attribuant le décès au verre d’alcool trinqué récemment dans le cercle de ses amis. C’est toujours la même rengaine. Combien d’entre nous pensent à faire un check up au moins une fois l’an ? Sommes-nous sortis des cuisses de Samson pour nous attribuer arbitrairement une carcasse physique aussi solide. Ayisyen pajanm mouri bon mô !
Le pire c’est que même les médecins qui s’y connaissent observent de Conrart un silence prudent, de peur d’être embrigadés dans la faction politique au pouvoir. A l’instar des studios d’Hollywood, les légendaires imaginent les scénarios les plus époustouflants pour monter la gamme de menteries et tromper les imbéciles. On parle de séances musclées sous la houlette du Président et du Premier Ministre qui déclarent n’avoir aucun souvenir d’une telle convocation ni du visage de la victime. Un témoin, aussi privilégié et  jouissant d’une telle privauté, qui a signalé l’arme du crime à la presse, logiquement devrait faire partie du cercle des amis du Juge. Soyons rationnel, suite à une prétendue séance musclée, le Juge Jean Serge Joseph, un homme lucide, ne va pas s’asseoir dans un  bar avec des inconnus, pire encore trinquer avec un membre du Gouvernement. Diantre ! Le coupable est  certes dans le cercle de ses amis intimes.
Celui ou celle qui a évoqué la thèse de l’empoisonnement au whisky en sait trop. Moun ki di men koulèv la, se li ki tiye l. Le simple gros bon sens doit nous permettre de découvrir la supercherie de ces mandataires forains qui pour jouer leur numéro montent leur échafaudage. Comme quoi dirait, les analyses médico-légales ne seraient pas en mesure de retracer ce liquide et les éléments mortifères qu’il contient au niveau des boyaux de la victime suite à une autopsie !
A partir du moment où le cadavre est sorti de la morgue, pour être transféré sur un autre territoire et vers une autre juridiction, tout échappe au contrôle de la justice haïtienne. Le dossier est fermé ! Il y a trop d’opportunités de fraude et la thèse d’empoisonnement au whisky ne tient plus debout. Lors du transfert du cadavre, on peut donner le change en lui inoculant le poison à la saveur de whisky. D’ailleurs c’est ce qui explique cette thèse d’empoisonnement en recours à l’ACV qui serait écarté d’un revers de la main par le Médecin Légiste. Ne peut-on pas faire l’opposition avec un peu plus de jugeotes en Haïti ? C’est vraiment malodorant !
Nous nous inclinons devant les dépouilles mortelles de cet intègre juge tombé en plein combat sur le champ de bataille. Nous compatissons aux douleurs des membres de la famille éplorée par cette subite disparition et nous leur prions d´accepter nos condoléances émues. Cependant nous réprouvons le jeu sordide et subtile de ces politiciens qui l’instrumentalisent pour garnir leurs carquois de flèches empoisonnées qu’ils n’hésitent pas à lancer dans le décor sans tenir compte de leurs incidences malheureuses à l’échelle nationale et internationale. Avec l’internet les nouvelles, surtout les pires, filent à la vitesse des ondes hertziennes i.e. aussi vite qu’un météore.
Les sciences médicales reconnaissent que l’ACV frappe sans aucun avertissement, aussi parle-t-on d’Accident Cérébro Vasculaire. Le lexique médical enseigne : «Un accident vasculaire Cérébral est un déficit neurologique soudain d’origine vasculaire causé par un infarctus ou une hémorragie au niveau du cerveau.»  A quoi bon de porter des accusations criminelles contre qui que ce soit  en forgeant des preuves farfelues !  Il suffit que l’on souffle dessus en faisant appel à la doctrine en la matière pour qu’elles s’effondrent comme du beurre au soleil.   Selon le Consensus d’Anaes de Mai 2004 : «Les symptômes de l’ACV varient selon sa nature : ischémique ou hémorragique.Souvent on observe une perte de motricité et de sensibilité, un trouble du langage, une perte de connaissance et le décès s’en suit. Parfois ces symptômes sont imperceptibles. L'accident vasculaire cérébral peut être transitoire sans preuve d'infarctus à l'imagerie.Aussi parle-t-on d’AIT ! Lorsqu’il est permanent, il est étiqueté d’Accident  Vasculaire Cérébral .
Constitué AIC. Jusqu’à date, la science s’avoue vaincue car le processus de récupération demeure inconnu.
En Occident, chaque année les statistiques médicales accusent un effectif de 600 personnes atteintes d’ACV. En France particulièrement on compte 1200 patients. 80% d’entre eux souffrent d’ischémie hypothétiquement analogue au cas apparent du Juge et 20% d’hémorragie.L’aile  inutile de l’opposition haïtienne exploitant l’ignorance de la majorité nationale fait fonctionner une brasserie de mensonges. Peut-on faire confiance à une opposition qui, dans un passé récent, a tiré des cadavres d’indigents des morgues de l’Hôpital Général pour joncher les grandes artères de Port-au-Prince en les criblant de balles afin de choquer les passants, révulser l’opinion publique contre les FAD’H qui finalement ont été démobilisées ? Aujourd’hui c`est le chaos !
 Ils sont prêts à sacrifier leurs propres amis en institutionnalisant le banditisme. L’objectif c’est de diaboliser le pouvoir en place afin de déséquilibrer le fauteuil présidentiel. Cette inéquation politique, depuis 1804 jusqu’à nos jours, demeure la formule gagnante des politiciens de bas étage i.e le menu bétail. Ils confondent le fauteuil présidentiel avec une chaise musicale. Ils mettent en marche la musique  et  se bousculent pour  y mettre leur séant  tout en faisant fi du mandat  de 5 ans accordé par le peuple. Ainsi va la République avec cette pratique régressive et  déshonorante de la politique de la terre brûlée !



























 
 




 
 
 
 
 


 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 


 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Friday, July 26, 2013

Eddy Cavé – Un écrivain laborieux et captivant

Par : Max Dorismond mx20005@yahoo.ca

Eddy Cavé
Durant le seul trimestre de 2013, j'ai reçu coup sur coup d'Eddy Cavé un premier livre intitulé : Typographie et corrections d'épreuves pour tous, ensuite, un fascicule : Dialogues imaginaires sur le langage clair et simple, accompagné d'un Hommage posthume à Jean Kerby, le jurilinguiste canado-haïtien qui l'a initié à la fin des années 70 au langage clair et simple. Ce n'est pas fini. Pour ce passionné de l'instantanéité, dont la préoccupation principale et l'objectif final demeurent la transition du français au créole, la simplicité et la clarté du langage doivent être le pivot autour duquel devrait s'articuler toute initiative d'envergure de communication de masse. Il y voit aussi un moyen de mettre fin à la valse-hésitation de tous ceux qui veulent contribuer à offrir à la langue naturelle du pays la chance de s'épanouir sans heurt et sans contrainte.

Je souscris positivement à cette stratégie, puisque la traduction du français  au créole ne peut se faire avec des phrases dithyrambiques, ampoulées, tarabiscotées venues d'un autre âge. Pensons-y à deux fois. C'est un retard à combler au plus pressant. A l'heure du numérique, pouvons-nous continuer à patauger encore longtemps dans l'oralité, l'une des causes de notre mal développement. Même s'il est trop tard pour certaines générations, le moment est venu d'entamer cette transposition vers le créole avec des textes français ou anglais simples, précis et clairs. Donc, de là à appliquer la méthode de Cavé, avons-nous d'autres choix? Il a, toutefois, le mérite de poser le premier jalon.
 

Eddy, s'est effectivement attelé à la tâche et m'a offert un autre manuscrit de plus de 200 pages : Le langage clair et simple - un passage obligé….». Le titre ne peut souffrir de détails. Il ne laisse aucun doute sur les prétentions de l'auteur. Le recueil n'est pas encore sorti au moment où j'écris ces lignes, mais votre attente ne sera pas de longue durée. Ce manuscrit, une courtoisie de l'auteur, fut très agréable à lire. Que nous réserve encore ce prolifique écrivain. Ah! Surprenant Eddy. Déjà, il me parle d'un autre titre, Pouvoir des mots et pratique raisonnée de la grammaire.
Figurez-vous ma surprise, moi, un dévoreur de bouquins. Chaque  morceau de papier m'intéresse au plus haut point. C'est ce qui explique ma raison de voir dans les notes ou écrits de tout un chacun, un trésor caché, une richesse inestimable, un ami qui peut remonter nos ailes quand la vie nous assène de durs coups sur la gueule.  Dans Typographie, Cavé m'a surpris les culottes à terre en m'apprenant un tas de petites choses d'une simplicité désarmante auxquelles je ne me suis jamais attardé. En un mot, il a aussi répondu à diverses questions, grandes et petites, que je ne me suis jamais posé, par exemple : comment sont numérotées les pages d'un livre ou encore, y-a-t-il une page «1» dans un livre. La réponse est simplement non! De même je n'avais jamais remarqué toutefois que  les pages de droite sont identifiées par un chiffre impair, les pages de gauche par un chiffre pair. C'est élémentaire, mon cher Watson! Dans notre petite logique, si on commence par le chiffre «1», automatiquement, «2» sera le suivant. Donc, après la page de garde, les dédicaces ou les remerciements, on devrait pouvoir commencer le texte proprement dit par n'importe quel chiffre pair et impair. Eh bien, Non!

Par convention, pour éviter qu'un livre ne commence par un chiffre pair à droite, il faut insérer quelque part, quelques pages blanches de plus. Regardez le premier livre qui vous tombe sous la main et vous m'en direz. Voyez-vous, les Pic de la Mirandole d'Haïti, on apprend à tout âge. Attention! Je vous connais, je ne dis pas que vous ne le saviez pas non plus. Mais une chose est sûre, moi, je l'ignorais royalement.

Par ailleurs, l'ouvrage de Cavé peut être utile à tous ceux qui aspirent à un métier pour lequel ce bouquin est taillé sur mesure : La Typographie. On y trouve pour commencer, le traitement de textes, l'infographie, la correction d'épreuves…etc. Tous les secrets de cet art ont été notés dans l'ouvrage. En pensant à la percée inévitable du livre numérique, on pourrait croire qu'Eddy est arrivé avec son livre trop tard dans un monde trop vieux. Je crois qu'il  a fait œuvre utile en nous le proposant. Même s'il ne reste au livre papier que quelques années, peut-être 20 à 25 ans, dans les pays sous-développés, selon certaines prévisions, le livre de Cavé est appelé à y demeurer. Il est en effet conçu pour contribuer à assurer également la qualité du livre électronique qui devra être égale à celle du livre papier. Ce n'est pas un rêve!

Tel que nous le connaissons aujourd'hui, le livre papier est appelé à disparaître. Pour les adeptes de la protection de l'environnement, c'est une sacrée nouvelle. Finie la coupe irrationnelle du bois. Pour les conservateurs et collectionneurs, c'est une aubaine. Les interfaces électroniques ou numériques sont en train d'occuper le haut du pavé. Tous les livres, dont les noms nous avaient chiffonnés les oreilles au cours de nos  humanités, surtout en littérature française, se trouvent gratuitement sur le Net aujourd'hui. Avec une tablette électronique, on peut les télécharger et revoir ou revivre tous les textes que nos profs de littérature nous faisaient copier au p'tit bonheur sur un cahier de 35 sous. Exemple : toutes les fables de Lafontaine, les œuvres de Racine, Hugo….Jules Verne, s'il ne faut citer que ceux-là.
Quant à son dernier né, Le langage clair et simple, un passage obligé, ouvrage encore en atelier, nous ne pouvons pas trop en parler, bien que l'auteur n'en fasse aucun mystère. Il a même lancé publiquement à Montréal récemment l'idée d'une campagne de promotion du langage clair et simple pour Haïti.  

 Alors, chers lecteurs, ce diseur de Cavé qui a toujours quelque chose à nous apprendre, à nous conter, ne cessera de nous surprendre. Même en agonie, à la fin de son passage sur terre, certains vont lui prêter l'oreille pour savoir s'il n'a pas d'autres secrets à livrer avant le grand depart. 
Max Dorismond mx20005@yahoo.ca

 

Monday, July 22, 2013

Bernard D.Fanfan - Le livre qui manquait à Haïti



Par: Max Dorismond  mx20005@yahoo.ca
Bernard Fanfan

Je n'ai pas souvenance d'avoir feuilleté un livre d'Haïti composé uniquement de pensées ou conseils destinés à orienter notre vie dans un sens ou dans l'autre.  Quelqu'un y avait-il pensé avant? Je l'ignore! Sous toutes réserves, je peux affirmer que l'auteur en titre, Bernard Duly Fanfan, vient de combler cette lacune, non pas en complétant une anthologie de Souvenirs des Grands-Pères, mais en compilant ses propres annotations présentées dans un recueil sous le titre évocateur : Pensées et Réalités.

Pourquoi ne retrace-t-on dans nos archives publiques, au moins une plaquette ou une collection des conseils épars de nos ancêtres? Mystère! Pourtant, dans nos us et coutumes, l'aïeul reste et personnifie le Baobab, la bibliothèque vivante, le pilier autour duquel tout s'articule. Il est l'unique dispensateur de connaissances. L'oral avait et a toujours droit de cité pour 98% de nos frères. Par conséquent, l'aîné demeure une référence. Il hérite de la tâche d'instruire et de conseiller la génération montante à partir de son vécu. Tout peuple dont la langue n'est pas écrite est condamné à transmettre ses expériences à partir de ce canal ou disparaître. C'est quasi empirique, mais, avions-nous d'autres choix quand les vrais maîtres de la nation  avaient décidé de cautionner notre retard sur tous les plans en nous confinant dans les cavernes, sans alphabet, sans langue propre? Sans ses signes de convenances qu'est l'écriture, l'avenir s'avérait naturellement incertain. La preuve est matérielle, nous la vivons quotidiennement. C'est une des causes de notre sous-développement. Aucun héritage littéraire dans cette optique ne fut transmis suite à cette déficience. Un p'tit exemple très simple, pour vous conforter : essayez d'ériger votre arbre généalogique? Vous m'en direz tant!  …Des noms de vos ancêtres, nulle trace, nulles archives…..Quelques rares familles peuvent s'enorgueillir de réussir cette tâche titanesque. Et là encore, le doute est persistant.

Si on possédait le minimum, c'est-à-dire, un centième de l'alphabétisme ambiant, certains troubadours ou trouvères auraient utilisé dans le passé la technique dite des Miscellanées, pour s'y conformer. Ç'est un genre composé de textes divers destinés à populariser le savoir oral, à cautionner et perpétuer les valeurs sociales. C'est une technique de fragments littéraires, sorte de mosaïque connue aussi sous le nom d'Analectes ou simplement Ana. Un concept hybride et morcelé avec un peu de tout, offrant des pistes de réflexions sur le déroulement organisé du quotidian.

Le Chinois, Confucius, était passé maître dans cet art, avec ces citations éclairées, ces conseils aux gouvernants et gouvernés. Il fut considéré comme le premier éducateur chinois. Son enseignement a donné naissance au confucianisme, doctrine politique et sociale qui a été érigée en religion d'État. Toutefois, en 2006, nous retrouvons en Angleterre, les analectes, chez l'écrivain Ben Schott. Ses oeuvres sont connues sous le titre : Les Miscellanées de Mr Schott. Selon les biographes de ce dernier, ce sont des recueils de petits riens, des informations incongrues. Ce dernier avait relancé la mode tombée en désuétude depuis le XIXe siècle. Ce genre fut la pièce ou le chaînon manquant de la littérature haïtienne. Nous venons de le retracer dans l'œuvre de Bernard D. Fanfan : Pensées et réalités.

Disons que l'auteur n'a jamais titré ses trouvailles dans ce style, c'est-à-dire, les Miscellanées. C'est une technique dépassée. Parlons plutôt aujourd'hui d'une donnée plus moderne, tel l'Aphorisme. En effet, plus près de nous, les auteurs du XXe siècle nous entretiennent de cette nouveauté qui caractérise la vivacité de leur esprit surtout critique. Ils ont apporté plus de précision en soutenant que l'Aphorisme est un énoncé autosuffisant. Il peut être lu et compris sans faire appel à un autre texte. C'est une pensée qui provoque et autorise d'autres pensées. Dans son ouvrage, Pensée et Réalités, Bernard ne cesse de nous surprendre par la justesse de ses méditations qui s'inscrivent naturellement dans la lignée de sa déconvenue, de sa déception et de ses frustrations. Ce qu'il dénonce dans une succincte critique à peine voilée de sa terre natale évoluant à l'encontre de la normalité.

              En effet, par la justesse et la simplicité des mots, il distribue ses pétales de fleurs au gré des ondes qu'il parfume pour le plaisir des lecteurs. Il laisse échapper ces citations doucereuses qu'il goûtait avec une naïveté juvénile. Ces trouvailles représentent des poèmes en prose d'une pureté parfaite, d'une fidélité sans faille supportée par une écriture alerte et dument maîtrisée. Ses vérités sont offertes comme une chanson où le symbolisme des sons fait sentir ses effets surtout quand son origine capoise se manifeste de la façon la plus palpable et la plus intense frôlant la mélancolie et la sérénité.

            Ces résolutions métamorphosent le langage humain réduit à son essentiel dans la manifestation la plus pure de la création littéraire. Il se permet de tout dire, ici et d'ailleurs sans réserve, au gré d'une imagination impérieuse des souvenirs douloureux vécu au pays natal, une intériorité élargie aux mesures de l'inconscient, sans oublier les limites de son lectorat. Ces pensées-conseils sont d'une inventivité à donner des ailes à une âme tourmentée, car Bernard ne prétend pas tout dire, ni dire le tout. Écoutez-le :

          Il semble que nous avons commis un mal impardonnable en nous opposant à la délivrance que nous sollicitons dans le «Notre Père» de chaque jour.
Ou à ce choix relatif à un dilemme innommable  :
Dieu a créé l'homme et lui a délégué la responsabilité de son existence. Il a donc le choix entre la misère, le mieux-être et l'aisance; entre l'enfer, le purgatoire et le paradis.

          En outre,  cet ouvrage demeure un vibrant constat avec ces capsules à réhabiliter la mémoire. Bernard Fanfan a exécuté un plongeon au cœur du problème haïtien pour refaire surface avec plusieurs perles à donner le vertige,  juste à réfléchir sur le destin outragé d'un peuple qui ne sait à quel dieu se confier ou sur quel diable compter. Hélas!

          Mais il n'est pas rare que la psychologie rencontre la poésie pendant dix ou quinze minutes dans ce recueil d'idées. Quand cette rencontre occupe une centaine de pages, c'est un évènement littéraire qui vient de prendre son envol, car, les composantes de la pensée de l'auteur interpellent l'universel humain. Lui-même le souligne dans son introduction : J'aimais beaucoup la littérature. J'apprenais avec passion les pièces classiques. Grâce à une écriture inspirée, il parvient à maîtriser sa matière, à lui infléchir une vision à la fois puissante et singulière. Le pari est d'ores et déjà engagé, car ce ne sera pas le dernier Duly qui nous sera servi. Je soupçonne un coffret rempli de tulipes1 encore fraîches qu'il présentera très bientôt sous forme de bouquets multicolores. En attendant, je vous invite à lire l'œuvre de Bernard Duly Fanfan : Pensées et Réalités comme lecture de vacances.
Sur ce, je vous souhaite, chers lecteurs, un bel été 2013!

Note 1 : Bernard Fanfan a hérité du surnom : Fanfan la Tulipe.

Max Dorismond  mx20005@yahoo.ca







Friday, July 19, 2013

Haïti a organisé son premier Dîner en blanc...


Le premier Dîner en blanc organisé dans le bassin de la Caraïbe a donc eu lieu sans incident, le samedi 13 juillet 2013 au soir, au Musée Ogier-Fombrun, habitation sucrière du XVIII siècle à Moulin sur mer. Les dîneurs ont été relativement chanceux en début de soirée, après une journée dominée par un ciel couvert de gros nuages gris, a constaté sur place un reporter de Haïti Press Network.

Mme Stephanie B. Villedouin
Comme on l'avait annoncé depuis quelques jours, la première édition du Dîner en blanc en Haïti s'est déroulée dans un lieu tenu secret jusqu'à 18 heures, en présence de la ministre haïtienne du Tourisme, Mme Stéphanie Balmir Villedouin, l'unique grande personnalité politique haïtienne remarquée pour la circonstance.
Ce diner a réuni plus de 450 épicuriens venus de 
Miami, Montréal, Port-au-Prince, New York et  
 Cap-Haïtien.                                                          
Ce grand rendez-vous secret a accueilli pour son lancement inaugural en Haïti plus de 450 personnes toutes vêtues de blanc, attablées en toute convivialité, pour savourer des mets fins et boire des grands crus, du vin raffiné et du champagne. La tradition a voulu que ce soit organisé dans un lieu patrimonial et/ou historique. Une véritable ambiance mondaine organisée sous le signe de l'amitié, du partage et du vivre ensemble.


Un événement international, soulignons-le, pas tout à fait grand public, car tout le monde n'y a pas été inscrit, mais grandiose pour avoir nécessité une organisation logistique impressionnante.
L'aspect féérique qui procure du même coup une belle surprise, c'est que, même quelques minutes avant son déroulement, les invités ne connaissaient nullement le lieu de l'événement. Arrivés en compagnie de leurs attirails, les participants ne savaient pas avant où cette festivité de partage, d'amitié et de fierté allait se dérouler. Des gens s'embarquent carrément dans une vingtaine de bus sans savoir où ils allaient. 

 Le Dîner en blanc - Haïti 2013 - Vidéo officielle


La majorité des invités, a appris à HPN Carla Beauvais, l'un des membres organisateurs, sont des Haïtiens de diversité culturelle différente, venus de Port-au-Prince mais aussi de New-York, de Miami et de Montréal.

Il faut avouer que les invités de ce dîner en blanc semblent avoir été cooptés de la bonne société. Selon la coutume, ce sont les hommes qui installent les tables et les chaises. Une fois assis, tous les invités font tourbillonner leur serviette de table dans les airs, en signal du début des festivités du dîner. Après avoir fini de manger ensemble à la chandelle et au son de la musique douce, ils ont lâché les ballons blancs vers le ciel et allumé les sparklers.


Disposant tous d'un sac poubelle pour faire place nette après le repas, les invités emballent leurs effets, jettent leurs débris dans les poubelles du site et laissent l'espace aussi propre qu'au début de la soirée avant de se retirer de la côte des Arcadins.
   De  G à D : Chilandre Patry, Carla Beauvais et Ingrid H. Donissaint         
Notons que cette première édition haïtienne qui a offert une aventure exceptionnelle à des Haïtiens qui n'ont pas vu Haïti depuis des années, est co-organisée par Carla Beauvais, Ingrid Enriquez Donissaint et Chilandre Patry.
Ces jeunes entrepreneures haïtiennes de Montréal comptent rééditer cet événement tous les ans en Haïti avec beaucoup plus de monde. Ce, pour encourager le tourisme, nécessaire pour la croissance de l'économie locale et l'image du pays.
Le Dîner en blanc  a 25 ans

C'est en France qu'à eu lieu la toute première édition. Lancé par François Pasquier et une poignée de ses amis en 1988, le Dîner en blanc de Paris réunit désormais près de 15 000 personnes chaque année dans les endroits les plus prestigieux de la capitale française. Originellement promu par la bouche-à-Oreille, le Dîner en blanc utilise dorénavant

les medias sociaux pour rejoindre les invités privilégiés.
Il s'agit de milliers d'amis et de connaissances qui se réunissent une fois par année, tout de blanc vêtus, dans un endroit public tenu secret jusqu'au dernier moment pour y manger. Élégance, convivialité et savoir-vivre sont les prérequis de ce « chic pique-nique ».



Texte   : Alix Laroche
Photos : Dîner en Blanc - Haiti
Conception : HCC

Quelques photos du Dîner en blanc