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Thursday, July 10, 2014

Le message d’adieu de Mirlande Manigat à son feu époux Lesly :

Leslie, Lelius, comme j’aimais t’appeler,
Te voilà parvenu au terme d’une vie riche et bien remplie.
Mirlande Manigat 
Tu aimais tant la vie dont tu appréciais les richesses variées, admirant un coucher de soleil ou dégustant un bon repas. Tu avais un goût éclectique pour la musique, aussi bien un boléro latino-américain que les classiques des grands maîtres, le Requiem de Mozart, surtout le sublime Dies irae qui touchait au plus profond l’âme du chrétien que tu étais, mais aussi tu étais séduit par la musique de chez nous et nos compatriotes ont été étonnés de lire la critique musicale que tu avais faite de Haitiando.
Tu aimais la vie, mais tu n’avais pas peur de la mort et, dans les derniers moments, accablé par la maladie, tu implorais Dieu, de manière pathétique, de mettre fin à ton existence. Je me souviens de ton cri de douleur lorsque je t’ai annoncé, en prenant mille précautions, la mort de Guy Alexandre. Tu t’es écrié en pleurant : « Pourquoi Guy , mon Dieu ? Pourquoi pas moi ? »
C’était ta manière de déplorer le départ de cet ami que tu aimais comme s’il était ton fils.
Je sentais que la fin approchait et je constatais, impuissante, la détérioration de ton état. Tu as été, toi aussi, victime du terrible chikungugna, qui a achevé de décimer ton état déjà fragilisé. Tes médecins, Jean-Robert Mathurin, Bernard Beauboeuf, le savaient mais ils se sont abstenus de me communiquer une échéance quelconque, impossible à déterminer au demeurant avec certitude et, sans doute, anticipaient-ils que j’en décèlerais par moi-même l’évidence. Pour eux, disaient-ils, tu n’étais pas un malade ordinaire : tu étais leur ami et cela voulait tout dire. Du fond du cœur, je les remercie pour leur attention constante et leur fidélité.
D’autres personnes ont évoqué et parleront de tes éminentes qualités : l’homme, l’ami attentif et taquin, le professeur ; l’intellectuel doté d’une prodigieuse capacité d’analyse ; le leader politique conducteur d’hommes et de femmes ; le patriote passionné du bien public, défenseur acharné de l’État de droit et de la préservation des vertus républicaines ; ta capacité infinie à écouter les autres ; ta générosité, ta lucidité hallucinante sur toi-même et sur les autres, cette faculté d’introspection sur ce que tu aurais voulu faire et que tu n’as pas réalisé, ta défense de la trilogie doctrinale dont tu as imprégné le RDNP : démocratie, nationalisme, justice sociale ; ta foi en la jeunesse du pays et à qui ton dernier message public lui a été destiné le 10 mars 2014.
Il faudrait pouvoir reconstituer l’être exceptionnel que tu as été en associant, en une symbiose enrichie, toutes ces vérités à partir des témoignages épars de ta vie et de ton œuvre.
Leslie Manigat ne m’appartient pas, mais à tous et tous se sont manifestés.
Leslie, ne sens-tu pas cette rafraîchissante ondée de sympathie, de respect, ces regrets qui s’expriment à l’occasion de ton départ ? Ces manifestations venues de tous les milieux, des plus humbles aux plus éminents ?
Ils sont venus, ils sont tous là, pour répéter Aznavour que tu aimais. Ils sont là autour de ton cercueil, physiquement ou en pensée. Et leur sollicitude éplorée est un baume de réconfort qui ne dissipe pas la douleur, mais la rend plus supportable.
Tu ne m’appartiens pas, mais à tous ceux qui vénèrent ta mémoire. Au nom de la famille, je leur exprime une profonde reconnaissance. On comprendra que je détache les frères de St-Louis de Gonzague qui ont généreusement offert leur local pour cette célébration, St-Louis où tu as fait toutes tes études et qui est demeurée l’alma mater.
On n’entendra plus le tonitruant « Soyons sérieux », qui a fait école, ce sérieux qui caractérisait ta vie et tes œuvres, éclairées toutefois par un puissant goût de la vie et une gaité que beaucoup de gens ne soupçonnaient pas chez le professeur plutôt campé sous une figure austère.
À quel titre je m’exprime aujourd’hui ? Épouse, compagne des heures exaltantes ou difficiles, témoin privilégié des tourments du patriote affligé par l’état du pays, la gardienne de ta mémoire, la vestale de ton œuvre sur laquelle ta famille, avec en particulier ta fille Sabine et ton petit-fils Matari, nous veillerons jalousement.
Michel & Sophia Martelly 
Tu ne m’appartiens plus. Est venu le moment fatidique de la séparation définitive. Tu es parti avant moi. Tu me taquinais souvent à ce sujet en me disant que tu demanderas à Saint Pierre de me réserver une place auprès de toi au Paradis.
Leslie, lorsque ce moment viendra, on allongera mon corps près du tien, mais ces deux enveloppes charnelles ne se rejoindront pas. Mais nos âmes si. Elles se sont rencontrées, se sont aimées, ont travaillé ensemble. Ensemble, elles ont rêvé.
Pour cette merveilleuse union façonnée dans l’unité, le respect, la correspondance, au moment de te quitter, au moment du dernier monologue que ceux ici présents comprendront, je te dis tout simplement :

Adieu, mon amour, et Merci ! »
Mirlande H Manigat

Wednesday, July 2, 2014

Hommage de deux compatriotes haïtiens à Lesly Manigat !

Dans le texte ci-joint, nous ne pouvons trouver la meilleure façon de traduire et d’exprimer nos regrets à l’occasion du décès d’un homme que la nation a pris près d’un siècle à créer après Anténor Firmin. Ces deux hommes étaient  des incompris de leurs époques, mais ils ont laissé à la patrie un édifice monumental qu’on en parlera même après plusieurs générations. L’un quand il a voulu mettre son savoir au service du pays a été carrément écarté et l’autre a subi  presque le même sort, quand president il  a voulu réformer les cadres vermoulus du pays. Le destin politique de ces deux hommes éminemment  capables, reste un point fort dans la connaissance de nos controverses. Jean Mathurin 

Décès de Leslie Manigat  *RDNP 195 News  
Dans la vie, il y a des choses qui sont établies et inévitables. Même quand les conditions évidentes les rendent logiquement prédictibles. Inconsciemment on refuse d’y penser. On ne s’y attend jamais. Elles nous surprennent et nous attristent toujours, quand elles arrivent. A cause de son âge, 83 ans, et la fragilité de sa santé, on aurait dû s’y attendre. Cependant, la nouvelle du décès du Président Leslie Manigat nous a tous surpris. On a perdu le fondateur du RDNP, notre grand camarade de combat et notre guide. Mais le rêve continue ! Le poids du patrimoine qu’il a légué dans de multiples domaines, est énorme. La nation haïtienne lui en est reconnaissante. Les manifestations spontanées de regrets, de douleurs et de sympathie, exprimées à l’annonce de sa mort, venues de tous les secteurs, de toutes les strates sociales et tendances politiques, en témoignent.

Ancien Président, le gouvernement au nom de la nation et de l’Etat haïtien lui a offert des funérailles nationales, auxquelles il a droit. Ancien Grand Protecteur de l’ordre, les obédiences maçonniques lui ont offert le rite funéraire dû à son rang. Tous les secteurs de l’intelligentsia haïtienne, pour manifester leur regret, se sont joints à la nation haïtienne dans l’expression de sa douleur, par des colloques tenus à l’occasion. Les multiples articles publiés dans les média et sur le net, témoignent du respect et de l’affection que l’on éprouve à son endroit.

Ce qui frappe immédiatement, quand on se trouve en présence de Leslie Manigat. C’est, sa politesse, la perspicacité de son intelligence, sa mémoire prodigieuse, son sens de la précision et de la clarté, sa capacité d’articulation, le poids et la substance de son argument, son don de la parole, son éloquence, son choix des mots, la richesse de son vocabulaire, la force de son verbe, sa capacité de pénétration, de vulgarisation et de simplification. Leslie Manigat avait surtout une personnalité remarquable qui oblige à noter sa présence.

Quand on pratique Leslie Manigat. On découvre, son sérieux, son intégrité, sa rectitude, sa discipline, son sens de leadership, sa gardeur d’âme, sa fierté, ses convictions politiques, son patriotisme inébranlable, sa profonde foi chrétienne, sa conscience sociale, sa vision du monde, son respect du prochain, son sens de la fraternité, son sens du partage, son souci pour les plus vulnérables, son courage, son sens du sacrifice, sa détermination, sa capacité de travail, sa ténacité, sa recherche de la perfection, son sens de l’humour et aussi sa joie de vivre.

Ses œuvres littéraires dans les domaines de la politique et de l’histoire, ont été classifiés de son vivant parmi les meilleurs. Dans ces deux domaines, il a excellé en tant que professeur éduquant plusieurs générations. Les expressions de  reconnaissance et de douleur de ses élèves, à l’occasion de son décès, en témoignent.

Hélas, Haïti vient de perdre un de ses meilleurs fils. Le RDNP vient de perdre son fondateur et son premier guide de 3 décades. Homme d’Etat, Leslie Manigat s’est mis au service de son pays et de sa nation. Le patriotisme et le sens du sacrifice de Leslie Manigat doivent servir d’exemples à la jeunesse de la nation haïtienne. Le rêve continue. Qu’il entre glorieusement au panthéon des grands Hommes d’Etat, qu’a connu ce pays.

Nous présentons nos sincères condoléances à sa veuve Mirlande Hyppolite Manigat, Secrétaire Générale du RDNP, qui est notre guide dans la poursuite de ce rêve. Nous présentons aussi nos condoléances à ses enfants, ses petits enfants, son frère, sa sœur, ses amis et à tous les membres du RDNP.

Par :Robert Benodin